J’ai écouté ces « Méditations » ainsi que plusieurs de vos pièces sur Soundclick, que je ne connaissais pas. Incontestablement, vous avez ce à quoi j’attache le plus d’importance, à savoir des idées musicales authentiques et originales et vous les rendez bien. J’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, en particulier pour « Sorgitude II ». Paradoxalement, seul votre « Hymne à la joie » me parait trop long et plutôt ennuyeux, alors qu’il connait un grand succès sur ce site ! J’en tire la conclusion que j’ai sans doute tort, et je ne donnerai ici que des impressions et ferai part de quelques idées qui me viennent en vous écoutant, tout en restant conscient que ce ne sont que des impressions et des idées personnelles qui peuvent se discuter !
Ces « Méditations » sont bien caractéristiques des particularités de votre style et de l’atmosphère que je ressens le plus souvent en écoutant votre musique.
En ce qui concerne le style, il me semble fondamentalement tonal avec des incursions modales et plus rarement atonales, mais ce n’est qu’une impression générale. Il est souvent caractérisé par la répétition régulière et lancinante de motifs simples ou plus complexes autour desquels se déploie une harmonie basée essentiellement sur le jeu des cordes, des cuivres et de l’orgue avec une percussion bien diversifiée. On pourrait citer de nombreux exemples dans vos pièces, mais je n’en retiens qu’un ici, qui me parait un des plus impressionnants et des plus réussis : la première moitié de votre pièce avec chœur « Complainte des Ames du Purgatoire ». Le motif assurant la scansion est une véritable trouvaille, et cela m’intéresserait d’en connaitre exactement la constitution… Une autre caractéristique me semble être le tempo généralement lent de vos pièces, permettant un déploiement harmonique riche, assuré principalement par les cordes, les cuivres et l’orgue. A mon sens, on se trouve plus proche du tuilage harmonique que d’une harmonie assurée par un contrepoint axé sur des motifs mélodiques. Enfin, vous semblez moins attiré par des mouvements dynamiques rapides, ce qui a des conséquences sur votre traitement de la couleur orchestrale.
Cette dernière remarque m’amène à l’atmosphère ressentie (par moi !) à l’écoute de vos pièces : c’est essentiellement celle d’une « beauté triste », souvent « fantomatique», reflet d’une disposition d’esprit plutôt pessimiste et dépressive. Cette atmosphère est aussi la résultante de votre choix de couleur orchestrale en relation avec votre prédilection pour l’orgue. Il me semble que l’orgue peut suppléer à bien des sons provenant des cuivres ou des bois et bien souvent il n’est pas très évident de faire la distinction dans vos pièces, mais, à mon avis, la couleur orchestrale générale s’en trouve affectée, pas toujours dans le bon sens. Dans bien des cas, l’orgue jouant de façon dépouillée, dans les registres aigus essentiellement, ne présente pas trop ce qui peut être un inconvénient, mais dès que l’on descend dans les registres et qu’on charge l’harmonie et le volume, l’orgue devient extrêmement prégnant. Il me semble que votre orchestre n’exploite pas vraiment ce que l’on appelle l’harmonie : les bois sont pratiquement absents, du moins à l’écoute de vos réalisations digitales. Les cuivres se confondent bien trop souvent avec l’orgue et je n’ai entendu la harpe nulle part. Ai-je mal écouté ? Cette constatation est d’autant plus étonnante que vos sons me paraissent plutôt bons et leur traitement judicieux. Faut-il en conclure qu’il s’agit d’un propos délibéré ?