Votre démarche est "impressionniste" ou plutôt "divisionniste", si l'on se réfère à la technique des peintres pointillistes de la fin du XIXème siècle qui poussèrent le principe impressionniste de reconstitution optique du motif par juxtaposition des touches de couleurs à son point de quasi-abstraction. Ceci s'applique fort bien pour votre oeuvre qui requiert une écoute réitérée et surtout en adoptant des échelles (= niveaux) d'écoute différentes, comme si l'on regardait un tableau de près ou de loin, pour en reconstituer l'ensemble.
Bonjour Yves,
Vous avez ce grand privilège qui est de bien connaître le domaine des arts visuels pour ensuite passer du côté musical. Je n'ai pas l'équivalent, ma culture des arts visuels étant plutôt restreinte. Je comprends au moins ceci qu'il faut regarder le tableau de près ou de loin et peut-être le «regarder» à plus d'une reprise.
La nature humaine est fort complexe et une émotion ressentie peut jouer sur plusieurs niveau en même temps. Lorsque j'arrête mon regard sur des peinture de Riopelle, peintre québécois maintenant décédé, je suis transporté dans un monde incroyable de profondeur de variété, à la limite du descriptible! mais tellement extraordinaire! Un coup d'oeil furtif ne peut conduire à cela: il faut quand même un temps pour voir.
Je ne peux pas écrire une musique toute simple avec un thème clair accompagné d'un accompagnement très clair où tout est simple, concret, palpable et facile. Je ne vois pas la vie de cette manière et en peinture, ne serait surement pas un peintre naïf. Du peu que je connaisse, j'aime les rêves de Chagall où tout flotte dans une imagerie qui pour n'être pas collée au réel, représente par contre peut-être mieux la réalité d'une émotion. J'aime aussi ces essais que je crois que Picasso aurait fait et qui serait de démontrer ce que serait la vision d'un objet tel qu'il serait vu sous tous les angles possibles simultanément.
Je me souviens aussi de ces dessins d'enfants que nous examinions quand j'enseignais, à savoir, ces fameuses 4 pattes d'une table que le jeune enfant étale sur son dessin. Il a bien raison: les tables ont en effet 4 pattes (généralement). L'image qui montre deux ou trois pattes de table en fait, ment sur la réalité de la table... Elle ne peut prétendre que de faire voir la table sous un seul angle...
Alors oui comme vous semblez le dire et du moins à ce que je crois comprendre, j'écris ma musique peut-être comme un peintre qui regarde sous plusieurs angles le même objet et plus intérieurement, en passant par plusieurs émotions.
Cela donne ce que ça donne. Ici je ne prétends qu'à une certaine satisfaction bien personnelle d'avoir écrit ce que j'ai écrit... Je suis un «jeune étudiant» de 62 ans.
Les critiques ici aident tellement à prendre du recul.
Un grand merci pour votre réponse Yves.