GLORIA pour Orchestre
C’est la première fois que j’entends un
Gloria aussi …
contemplatif ! la démarche est originale c’est presque un
oxymore musical , dans le sens ou louange vive s’oppose apparemment à méditation.
On appréciera la
délicatesse de cette musique «
très intériorisée » et le soin avec lequel la pièce est réalisée ( orchestration, placement des voix, jeu de réponses entre les pupitres, mise en valeur des mots importants, motifs ascendants, tonalités) et même si habituellement le gloria est le
chant des anges, bien audible et « sonné » (
sonare), soutenu par un refrain au rythme entraînant, la liturgie réclame alors du "son", voir des trompettes et chamades !
On se souvient des
Gloria des
Messes de Mozart, Bach, ou le célèbre
Gloria de Vivaldi , brillant et « très vitaminé ». Ne parlons pas des
Gloria influencés par les
Gospels (qui déchirent), ou ceux plus contemporains et moins attachants qui agrémentent les services liturgiques actuels …
Certains Gloria grégoriens autrefois n’étaient-ils pas déjà emprunts d’une certaine quiétude ?
En réécoutant encore, ce Gloria " Adagio" et tranquille, on l’imagine plus accompagnant un temps de
méditation ou d’offrande, pourtant une belle voix soliste peut parfaitement l’interpréter comme tel.
Certains intervalles paraissent difficiles de justesse ( exemple : mesure 10, quatre augmentée, mesure 15 , la septième mineure)
Il faudra veiller à ce que la lenteur et la douceur pensées pour cette pièce, ne soient pas comprises par l’auditeur comme l’expression d’une tristesse, …ce qui serait un contresens ! le tout est de rendre évident cette joie intérieure ! Difficile challenge…
De grands compositeurs français du XX e ont magnifiquement écrit dans ce domaine de musique sacrée (par exemple Francis Poulenc, André Caplet , Jehan Alain, Olivier Messiaen)
Et quant au contresens musical apparent, Messiaen dans sa pièce
Combat de la mort de de la vie, pour grand orgue, pièce en 2 parties,la première très démonstrative, sonore, combative et violente, et la seconde qui réservée à celle de "la vie", d’un calme et d’ une sérénité quasi extatiques
Quant à l’effet « profane » qu'oon pourrait craindre en composant ainsi, ne tient-il pas toujours de l’instrumentation( une harpe , un piano, par exemple rappellent plus le concert ou l’opéra, mais pas toujours, l'oreille du public est à rééduquer...
), mais aussi de l’interprétation
in live. N’y aurait il pas aussi une légère influence musicale « anglicane » dans cette démarche créatrice.
merci pour cette musique authentique et touchante.
Emilie
Ps : voici deux artifices pour "faire sacré" : traduire le texte en latin, et voir si la musique résiste...et ajouter dans l'accompagnement un vilain harmonium au son bien couineux
)