Des 3 poèmes tirés de "Cette guêpe qui me regarde de travers" d'Oscar Mandel, voici:
- LE COLIMAÇON Op90 n°2 pour Soprano, Voix, choeur et Piano.

Après les premières lignes mélodiques exposées par la Soprano, les Voix déclament une partie du texte "en parlant" comme du Sprechtgesang, alors que ce texte est ensuite repris par le chant du choeur. La différenciation Voix/Choeur est ici très mal rendue à l'ordinateur.

Plus encore que dans "Le Génie", le caractère anodin des premières notes de la mélodie d'entrée, quasiment arythmique, cède peu à peu la place à de fort jolis motifs, brefs mais tous chargés d'une émotion contenue, celui des mes.31-35 ayant presque un caractère plaintif.

On assiste à un crescendo dans le dévoilement lyrique de l'émotion, mais sans surcharge, presque par allusions. Le lyrisme est pudique mais réel.

Les ruptures rythmiques empêchent de s'attarder sur tel ou tel motif afin de soutenir l'attention sur ce qui survient et qui est toujours inattendu.

Le piano souligne bien la voix et le choeur mais tient aussi un rôle indépendant, en tant que voix supplémentaire de cette mélodie qui s'écoute avec plaisir et se réécoute avec attention.

Amitiés,

Y.R.

Je trouve cette pièce bien moins intéressante que la plupart de ce que j'ai écouté de vous. Les fameuses ruptures rythmiques et harmoniques que je m'étais habitué à attendre systématiquement ne sont pas là, et on trouve à la place des ruptures tout à fait conventionnelles. C'est dommage.

J'ai eu une impression de non fin à la première écoute, que j'ai compris ensuite avec la partition : la mélodie finissant sur la quinte, l'attente n'est pas résolue. Peut-être est-ce là volontaire ? Mais si ça l'est, ça ne me semble pas assez assumé dans l'ensemble de la pièce.

J'ai pu repérer sur la partition quelques "fautes" d'écriture harmonique dans le choeur, mais rien d'audible (particulièrement avec ces sons - mais si c'est chanté par un choeur, ça risque d'être une autre histoire).

Bref, je suis beaucoup moins convaincu ici...

Musicalement.

" Les fameuses ruptures rythmiques et harmoniques que je m'étais habitué à attendre systématiquement ne sont pas la"
Heureusement car ce n'est pas le style de la pièce!! ...

"la mélodie finissant sur la quinte, l'attente n'est pas résolue" .... Bien sûr car le colimaçon continue sa route ... Toute cadence conclusive ou même d'attente serait pour moi, purement stupide!! ...

Il y a peut-être quelques fautes "d'orthographe" qui seront évidemment corrigé.... si ce n'est pas contraire à la démarche musicale de la pièce.

J'estime, à l'inverse de Nicolas, que cette pièce contient une architecture harmonique et mélodique variée et convaincante, avec notamment la réexposition du thème "plaintif" à la fin, dont la quinte finale permet de maintenir l'audition en suspens au lieu de l'habituelle et banale résolution à la tonique qui aurait rompue l'imprécision poétique et faussement naïve de ce motif.

Amitiés,

Y.R.

JL-PERU écrit:


Mais dans ce cas, pourquoi ne pas assumer ce choix jusqu'au bout et finir en cours de mesure, sur une croche immédiatement coupée, sur une cadence rompue (ou sans cadence, si vous ne voulez pas de cadence d'attente), plutôt que sur le premier temps, avec un point d'orgue final et une cadence simplement imparfaite (qui est d'ailleurs une cadence d'attente - comme Yves le dit, elle maintient l'audition en suspens) ? L'effet aurait été beaucoup plus marqué ainsi, non ?