Pour ce qui est du temps nécessaire à formuler une opinion, je ne suis pas sûr. C'est peut-être mieux d'attendre parce que ça permet d'avoir une opinion plus définitive, mais d'un autre côté, il faut aussi voir que la grande majorité des auditeurs n'écoutera l'oeuvre qu'une fois (particulièrement si elle dure plus de dix minutes), donc je trouve intéressant d'avoir un retour d'après la première écoute.
Je comprends bien ce point de vue. Il me faut un certain effort même avec une oeuvre de 5 minutes, puisque je l'écoute au moins à deux reprises, parfois trois. Je suis d'accord aussi en partie avec l'idée d'une première impression «à chaud». En partie seulement car tu sais sans doute que le sort de certaines oeuvres a été très différent de ce qu'elles ont suscité «à chaud».
Enfin, quant à ce dont parle le texte dans ma pièce ici, comme je l'ai dit plus haut, c'est un individu qui parle, de son expérience propre. Cet individu, c'est l'enfant mort-né dont parle le titre, dont "personne ne veut". Il "attend", puis il "n'attendra plus". Il n'existera plus.
Il n'aura sans doute aucun regret cet enfant puisqu'il provient de nulle part.

Ici, peuple francophone en lutte pour conserver notre culture, entouré d'une masse de plus de 300 millions d'anglophones, collés sur les USA, sommes nous durant la deuxième tranche du XVIIIe siècle devenus orphelins de culture et de religion après la conquête anglaise. C'est précisément ce que nous faisons ici que de tenter de renaître et même de naître. C'est peut-être ce qui explique ma sensibilité sans doute excessive aux paroles d'un nouveau né qui ne trouvera pas sa place. En 50 ans, nous sommes sortis des ombres religieuses et politiques pour en arriver à ce que nous sommes aujourd'hui, oserais-je dire avec un taux de réussite assez élevé. Alors tout ce qui fait allusion au «ne pas pouvoir être» me révulse de manière presque viscérale.
Ça va chercher loin n'est-ce pas mes réactions? Eh bien tu as ici une
réaction esthétique d'un individu, c'est-à-dire, une
recréation d'une oeuvre selon la personne qui la reçoit. L'oeuvre en soi n'est rien tant qu'elle ne prend pas vie dans l'esprit et le coeur de ceux qui en prennent connaissance.
...et bien sûr, je n'ai pas la prétention de représenter la réaction esthétique de tous les québécois... loin s'en faut!
a+