Cher François,
Ce motet, ainsi que tous les autres du recueil des "Scènes Sulpiciennes", a été conçu a cappella, le piano ayant été ajouté pour soutenir les choristes qui s'essayaient pour la première fois dans cet exercice délicat du motet en petit effectif (ils ont plutôt l'habitude de chanter des oeuvres sacrées en grand effectif et avec orchestre).
C'est pour cette raison que vous avez eu cette impression, autant étrange que juste, d'un apport percussif incongru à une oeuvre écrite linéairement, comme s'il s'agissait effectivement d'instruments à cordes frottées. Les prochaines représentations s'effectueront sans piano, une fois la partition mieux maîtrisée par les choristes et l'effet escompté en sera ainsi restitué plus clairement.
Concernant la monotonie de l'écriture, elle relève d'un choix volontaire d'épurement, sinon d'austérité, dicté par le texte ; je n'ai pas souhaité déployer un chant trop ouvert sur des raffinements polyphoniques et rythmiques pour accompagner le dernier repas du Christ et ai, au contraire, recherché une tension dans la retenue, par une écriture fondée sur des motifs simples et une unité des pupitres par une homorythmie de principe. Ce sont les légères variations et modulations qui "animent" l'ensemble. Le parti-pris se veut celui d'un chant plus intérieur que démonstratif.
L'"Ave Maria O Sanctissima", autre motet du même recueil, au programme de la saison 2012-2013 de l'ELC-ArteMisiA, sera, quant à lui, à l'opposé de cette austérité quasi monacale et, sans doute, plus conforme au style que j'ai l'habitude d'offrir à l'écoute sagace des membres de ce forum.
Amitiés,
Y.R.