Anthologie de Nicolas M.
Fresque en douze tableaux, et dédiée au piano quatre mains , Anthologie est une manière d’abrégé d’histoire de la musique pour clavier, entendue « à travers les siècles »(clavecin, piano forte, piano classique romantique, percussif, piano spectral ).
« Somme » musicale écrite en 230 mesures , cette Anthologie poétique est aussi sentimentale , dans le sens où elle s’investit dans la description des sentiments de l’âme , à la façon dont le pratiquait un Rameau dans ses pièces pour clavecin
( L’indifférente, la Joyeuse, La triomphante)
Outre les procédés d’écriture, d’école, on discerne ça et là des clins d’œil à divers auteurs, tels Bach et ses pairs dans le joli fugato, vif , les compositeurs férus de basses d’Alberti, de double appogiatures, et cadences attendues, Stravinski dans le cauchemardesque , mais aussi Prokofiev et Bartók . Quelques allusions faites aux romantiques, puis à Debussy et Ravel dans les harmonies choisies les rythmes superposés et fluides, particulièrement dans les passages « mélancolique » « rêveur »…jusqu’à l’apogée, intitulée « spectral ».
Les douze tableaux sont : liturgique, vif, joyeux, dramatique puis doux, mélancolique , rêveur, cauchemardesque, rêveur ,cauchemardesque, torturé, Expressif ,Spectral.
On remarque une égale répartition des difficultés d'exécution, une astucieuse utilisation des registres, medium, aigu, grave.
L’écriture même (jeu de réponses, en fugato, reprises des thèmes, choix de sujets ) offre à chaque pianiste un égal plaisir à s’investir dans l’interprétation.
Les procédés d’écriture suffisamment variés maintiennent toute notre attention. Ainsi, l’opposition soudaine des tonalités la mineur ancien , la mineur, et la majeur, entre vif et joyeux , assure une progression heureuse dans le discours musical.
Si elle se réfère à l'histoire du piano, Anthologie n'est pas une suite de pastiches, loin de là, les procédés d'écriture sont suffisamment assimilés pour être personnalisés,stylés, même le fugato sonne contemporain, (dissonances, rythmique )
La répétition du « rêveur et cauchemardesque » ( utilisant à la fois des ostinato et pizzicato) détermine une ponctuation forte, dans cette progression dramatique, mais sans aucune redondance .
Elle permet l’enchaînement naturel des trois dernières séquences, dont la dernière « spectral » grâce à ses rythmes complexes et ses tressaillements de trilles et chromatismes , de résonances, paraît être la plus séduisante.
L'unité de la pièce, indispensable pour une anthologie, tient dans ce jeu de rupture des caractères propres à chaque pièce mais aussi dans la reprise du thème principal,qui apparaît dans Vif la première fois , et qui se transforme au fil des pages, et aussi grâce à la reprise de certains motifs mélodiques et rythmiques
A noter la valeur des notes généreuse dans le premier morceau "Liturgique" ,l'introduction magistrale; et puis très brève dans l'ultime 'spectral".
Une pièce qu'on aimerait entendre en concert.
Emilie
