Bonjour Georges,
A moi de vous répondre
Quand je parle d'aspect "répétitif", ici, je veux dire qu'à l'intérieur de chaque partie la forme ne varie pas : on commence avec un ostinato qui se répète pendant que d'autres éléments viennent s'y greffer sans que la carrure change. Puis vient la partie suivante, construite de la même manière, avec un élément rythmicoharmonique fixe sur lequel arrivent d'autres éléments un peu plus libre, mais toujours contraints par cette base.
C'est aussi cela que je veux dire quand je dis que l'instrumentiste n'est pas présent : non pas que son timbre n'est pas là. C'est bien évident que ceux qui disposent d'orchestre pour jouer le font. Mais je veux dire que l'instrumentiste est oublié dans votre écriture, soit à cause de la répétition d'une ligne fixe non variée (qui ennuie vite les instrumentistes), soit à cause des techniques employées (s'il est possible aux cordes de faire "comme si" une note continuait indéfiniment parce que l'attaque peut s'effacer et que le nombre de cordes permet d'effacer le fait qu'elles jouent toutes faux, cela n'est plus possible aux cuivres, qui jouent TRÈS faux et dont l'attaque est souvent très prégnante).
Pour le fait d'utiliser un instrument "qui permet de faire des prouesses", je suis bien d'accord avec vous, mais il faut aussi (c'est ce qu'on m'a répété au conservatoire pendant trois ans - je composais de cette manière au début, en me disant que je pouvais faire des choses un peu impossible aux instruments mais que ce n'était pas grave...mais pourtant j'aurais aimé être joué)
assumer entièrement ses choix, sous peine d'être mal compris. C'est la même question qu'en électroacoustique, quand un compositeur utilise la saturation ou les clics (qui sont habituellement des défauts techniques) : il faut les utiliser de façon à faire comprendre qu'ils sont là, qu'ils sont voulus, dans un intérêt
musical et non pratique.
De plus, l'aspect artificiel dont je parle est souvent un "tue-la-musique" parce qu'il transforme une musique
vivante ou du moins qui semble vivante, en une musique morte, une musique d'ordinateur, justement, qui ne peut être dynamique parce que la dynamique est définie par ses contraintes. Donc même quand on veut composer avec l'ordinateur, qui n'a fondamentalement pas de contraintes, il faut s'en poser en fonction de ce que l'on veut faire, de ce que l'on veut faire ressentir (ce qui est pour beaucoup - et vous en faites partie, j'imagine, vu le titre de la composition
- le point majeur de leur activité compositionnelle).
Enfin, pour la charge harmonique dont je parlais, je ne désignais pas les dissonances, qui sont traitées relativement bien à mon goût (bien que quelques intervalles "sonnent faux" - ce qui arrive même dans les musiques les plus dissonantes), mais bien le timbre. Les mêmes accords joués aux cordes ne poseraient pas de problème. Mais on se trouve là aussi à parler de cuivres et de cordes alors que tout est produit par une carte son. Sachez simplement que si vous souhaitez un jour faire jouer cette pièce, il faudra vous attendre à de grosses surprises au niveau de la justesse (les cuivres...) mais aussi de la masse résultante des accords, qui ne seront plus des accords mais ce que beaucoup appelleraient des "bruits".
Désolé de toutes ces effusions, sachez que c'est bien afin de vous guider que je vous dis tout ça, et non pour critiquer la valeur de votre musique. Simplement, l'aspect "conceptuel" de la composition (ce qu'on
veut) est très important, mais moins que sa réalisation et sa perception.
Musicalement,
Nicolas