Allons, une petite musique concertante qui date d'il y a trois ans pour fêter la presque-terminaison de mon mémoire !

Salut Marty,

Puis-je vous dire tu?

Voici quelques observations. Elles relèvent de mes idées sur la musique plutôt que d'une critique négative.

Ton début ressemble beaucoup à celui de la première symphonie de Beethoven. Le sais-tu? Ce n'est pas désagréable.

Le traitement rythmique ici est assez formidable, et même plutôt exceptionnel: varié, recherché, subtil. Extrêmement prometteur.

Le traitement harmonique est trop fixe. Pourquoi ne module-tu pas? Surprends-nous un peu svp.

Sauf exception, la palette orchestrale est uniforme. Comme je le disais sur un autre fil, le tout est présenté dès le départ et ne change pas beaucoup. Garde-toi des réserves pour varier tes couleurs.

Ton métronome (tempo) est fixe, figé dans la glace du Pôle nord: ça donne une impression de longueur qui ne rend pas justice à la valeur de ta musique.

La partition serait plus simple à lire si elle ressemblait davantage à un score de chef d'orchestre, c-à-d écrit en mode paysage avec des notes plus petites (quoique on peu contrôler le zoom à partir de l'ordinateur pour ce qu'il en est de la taille des notes). Personnellement je préfère que toute la partition soit visible tout le temps et donc ne pas supprimer les portées vides. Ainsi on ne doit pas constamment surveiller s'il s'agit de toute la partition ou d'une partie de la partition. La pagination ne variant pas,cela dérange moins l'oeil. Le mien en tout cas!

a+

Salut François,

Aucun problème pour se tutoyer, ce sera plus convivial !

Je n'avais pas noté que mon début était semblable à celui de Beethoven (particulièrement à l'époque où j'ai composé cette pièce, où je connaissais très peu Beethoven - encore moins qu'aujourd'hui).

Ca fait plaisir de voir que le traitement rythmique t'a plu. C'était l'intérêt de la pièce (ça et l'échelle modale) vu que Bastet est souvent déesse de la danse.

Pour le traitement harmonique et les couleurs, c'est ce que je me suis dit aussi à la réécoute de la pièce. C'était mes débuts de jeune compositeur, donc la forme avait tendance à être très répétitive et peu maîtrisée.

Et pour la partition, je me pose la question. S'il était possible de la faire défiler à l'horizontal, le "score" serait mieux, mais à la verticale j'ai tendance à préférer réduire pour éviter d'être frustré en permanence par des systèmes vides. Peut-être que pour la prochaine pièce je mettrai les deux versions.

Merci de ton commentaire !

ps. mon mémoire étant écrit, je n'ai plus qu'à passer mes examens de psycho, puis à aller à stockholm, et quand je reviens (16 juin) je prendrai le temps d'écouter plein de choses ici !

C'est étrange. Je découvre un versant inconnu de votre personnalité musicale, quoique apparemment déjà "daté".
Plutôt que les chaudes effluves des bords du Nil et d'une évocation de la douce déesse protectrice des foyers et des parturientes, j'ai eu l'impression, souvent soutenue, d'une ambiance slave et, parfois, d'accents yiddish, dans certains passages où la clarinette dialoguait avec d'autres bois.

L'orchestre y est très suggestif et les timbres expressifs avec des associations qui confèrent une coloration originale au tout. Il ya des ruptures dans un discours qui parfois se cherche et d'où, du moins, il ne faut pas rechercher un fil conducteur particulier, mais davantage la reconnaissance de motifs récurrents qui se faufilent et se dérobent. On sent la volonté d'échapper à une qualification d'école particulière.

Le piano n'occupe pas une place écrasante car il dialogue sur un pied d'égalité avec le reste et bien d'autres instruments émergent en solistes dans ce cheminement sonore où les sons pédale posent une assise ferme au discours.

Les pièges du genre sont déjoués : pas d'orchestre simple accompagnateur d'un piano impérialiste, pas de mélodies en forme de tubes pour hit-parade de Radio-Classique et pas d'ambiance de Peplum, pour un titre à programme.

Mais je reste perplexe sur la parenté sémiologique avec la déesse tutélaire de Bubatis.

Bonne chance pour la soutenance dudit mémoire !

Cordialement,

Y.G.

Merci Yves pour votre écoute attentive.
L'ambiance que vous dites 'slave' n'était pas du tout mon intention, mais c'est bien la liberté de l'auditeur et le problème des titres qu'on retrouve là. Pour moi, Bastet était simplement fluide, étant un chat, et la déesse de la danse (d'où le rythme, peut-être ce qui vous a fait penser au yiddish ?).

A l'époque, je n'essayais pas particulièrement d'échapper à une école, mais c'était simplement parce que je ne connaissais pas les écoles du tout ! (j'avais tout juste entendu un peu de mozart, de beethoven, de chopin et de debussy).

Merci pour vos encouragement pour mon mémoire, à bientôt !

Moi je ne perçois aucun défaut à cette pièce. En l'écoutant je mesure au contraire toutes les limites des miennes. C'est d'une grande richesse thématique, rythmique, harmonique, et le rendu me laisse sans voix.

Parmi la vaste palette de styles dans lesquels tu composes, c'est celui que je préfère. Un grand bravo !