Bienvenue, Invité
Nom d'utilisateur Mot de passe: Se souvenir de moi

SUJET: "Jeu de Variantes"

---Re: "Jeu de Variantes" il y a 11 ans, 9 mois #1026

  • bricas
  • ( Admin )
  • Hors ligne
  • Administrateur
  • Message: 293
Bonjour Ermier,

Je suppose que votre réponse s’est croisée avec la mienne à Nicolas. D’après mes renseignements, ce mode précisément, faisant se succéder un ton et un demi ton , avec ses trois transpositions possibles, a été très peu utilisé en musique classique, même au cours de la première moitié du 20°. Sans être spécialiste de la question, il me semble que bien des compositeurs actuels utilisent des échelles modales et peut-être notre actualité est-elle plus modale que celle citée au siècle dernier et de ce fait le style de la pièce serait moins daté qu’il n’y parait.

Ma pièce ne met en œuvre que deux des transpositions possibles et dans ces conditions le mode a été relativement facile à détecter. Si j’avais utilisé les trois transpositions, successivement ou ensemble, le diagnostic aurait été plus difficile, et que dire pour d’autres modes permettant des combinaisons bien plus compliquées, ou des possibilités de modulations entre les modes! Ce deuxième mode à transpositions limitées décrit par Messiaen , m’a semblé offrir beaucoup de souplesse dans son emploi, tout en préservant l’expression du couple « tension-détente».

---Re: "Jeu de Variantes" il y a 11 ans, 9 mois #1027

  • nicolasmarty
  • ( Utilisateur )
  • Hors ligne
  • Platinum Composer
  • Message: 356
Pour des précisions sur ce mode, vous pouvez lire l'article de René Champigny, "Cent ans de recherches sur l'octotonisme" (dans Musurgia, vol. XIII/2 et XIII/3). Principalement, ça montre que ça a été utilisé par plus de compositeurs qu'on ne le penserait, mais pas nécessairement sous les mêmes formes (soit mélodiquement, soit dans son propre contexte harmonique). Si vous voulez voir un résumé que j'en ai fait l'an dernier, contactez-moi en privé à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et je l'enverrai (le fichier ne passe pas en pièce jointe, pour une raison qui m'échappe).

Les compositeurs contemporains utilisent encore des modes, c'est sûr. La série elle-même est un mode, en quelque sorte, et peut être mélodique, rythmique, harmonique, etc. quand elle est généralisée.
Dernière édition: il y a 11 ans, 9 mois par nicolasmarty.

---Re: "Jeu de Variantes" il y a 11 ans, 8 mois #1028

  • bricas
  • ( Admin )
  • Hors ligne
  • Administrateur
  • Message: 293
Nicolas,

Merci pour ces renseignements. J’avais lu sur Internet que ce mode a été peu employé en musique classique, mais je ne me souviens plus de la référence… Je ne vais pas consacrer beaucoup de temps en lectures sur ce sujet. Par contre, si vous connaissez une œuvre orchestrale entièrement réalisée dans ce mode particulier, cela m’intéresserait. De même que m’intéresserait votre réponse à ma question concernant votre appréciation sur mon orchestration (mon mess.70).

---Re: "Jeu de Variantes" il y a 11 ans, 8 mois #1029

  • nicolasmarty
  • ( Utilisateur )
  • Hors ligne
  • Platinum Composer
  • Message: 356
Pardon, j'avais complètement oublié cette question
Je ne connais pas d'oeuvres orchestrales entièrement réalisées dans ce mode. Quant aux oeuvres solistes, il y a la pièce de Mikrokosmos dont j'ai parlé, mais je ne me souviens plus de la référence exacte.

J'appelle "contraste de densité" des contrastes dans la densité du spectre sonore (je ne vois pas d'autres mots plus parlants...) : par exemple, le contraste entre une flûte soliste sur une note tenue sans vibrato et un ensemble d'harmonie dont chaque instrument joue un son multiphonique différent.

Dans votre composition, en fait, je trouve qu'il pourrait y avoir des sauts de registres qui permettrait une densification ou une "dé-densification" du discours
- retirer d'un coup tous les sons de la clé de fa, c'est déjà un grand effet : les notes graves sont plus denses que les notes aigues parce que les harmoniques aigues des notes graves interfèrent avec les premières harmoniques des notes aigues.
- passer d'un discours strictement monodique à un discours plus ou moins polyphonique et vice versa, en gardant la possibilité d'utiliser plus ou moins de notes du mode (utiliser trois notes, par contraste avec huit, par exemple).
- etc. etc.

Mon explication est-elle assez claire ?

---Re: "Jeu de Variantes" il y a 11 ans, 8 mois #1030

  • bricas
  • ( Admin )
  • Hors ligne
  • Administrateur
  • Message: 293
Nicolas,

A vous lire, il semble bien se confirmer qu’il n’y a, en définitive, aucune œuvre marquante réalisée exclusivement dans ce mode.

J’ai bien noté ce que vous appelez « contraste de densité » en orchestration, et paradoxalement j’ai le sentiment que ce contraste est constamment présent dans mon orchestration.. En effet, je recherche une bonne transparence, ce qui signifie que les pupitres sont, en général, bien différenciés et les instruments facilement identifiables (c’est en tout cas mon sentiment). Ce qui est sans doute juste, c’est de dire que les passages de grande densité orchestrale sont rares et j’en ressens un certain complexe lorsque je compare mes partitions aux partitions contemporaines en ma possession. Cela est sans doute dû au fait que je n’ai pas reçu la formation au cours de laquelle on vous apprend des automatismes d’orchestration concernant les familles d’instruments. Dans ce domaine, je m’en tiens peut-être trop souvent à la simple satisfaction de réaliser ce que j’aimerais entendre : par exemple le début de la pièce ne fait entendre que les premiers et deuxièmes violons accompagnés de quelques notes de harpe, l’entrée des bois est également peu dense et ainsi de suite…. Peut-être y a-t-il là des faiblesses dans l’orchestration, celle-ci étant rarement « massive » ?

---Re: "Jeu de Variantes" il y a 11 ans, 8 mois #1031

  • nicolasmarty
  • ( Utilisateur )
  • Hors ligne
  • Platinum Composer
  • Message: 356
Peut-être cela, mais c'est aussi le manque de différence de densité à l'intérieur même du mode, comme je disais : imaginez un discours monodique sur deux des notes du mode, sur une seule octave, par un seul instrument. C'est là le moins dense possible.

Ensuite, vous pouvez imaginer ce que cela donnerait sur toutes les octaves avec un tutti, mais toujours sur seulement deux notes du mode, en biphonie et birythmie.

Vous pouvez enfin imaginer ce que cela donnerait sur toutes les octaves avec un tutti et toutes les notes du mode en polyphonie complexe, dans laquelle on ne peut pas, justement, distinguer les instruments les uns des autres. C'est là la densité maximale, où ce que l'auditeur entend, ce n'est plus du contrepoint, mais un champ harmonique, celui du mode utilisé. Mais c'est vrai que pour construire ça et que ça sonne, il faut beaucoup de patience.

(je n'ai pas encore trouvé cette patience, personnellement, sauf pour le piano - pour lui, c'est beaucoup plus simple, vous pouvez l'entendre dans la dernière partie de "Le temps vécu - 1. Je" que j'ai mis sur le forum - le piano va assez vite et ne fait pas de formule d'accompagnement précalculée comme on en trouve chez Chopin par exemple, on n'entend pas une formule mais un groupe, qui change ensuite plusieurs fois en se rétrécissant et en ralentissant, ce qui fait que progressivement on distingue les notes et on passe d'un champ à des notes séparées)

pour l'orchestre, j'imagine qu'il faudrait une large polyrythmie très contrôlée (c'est là que le systémisme algorithmique peut venir en aide, mais il faut bien connaître les maths... donc pas de raison d'être complexé par les partitions contemporaines : ce sont souvent des gens qui ont une formation pluridisciplinaire incroyable, qui demande énormément de temps... je me lance actuellement dans l'apprentissage de MAX/MSP - ce n'est pas du gâteau !).
Temps de génération de la page: 0.34 secondes