Je n’ai pas vraiment envie de me lancer dans des constructions orchestrales complexes, fonction de décisions formelles à priori : je suis beaucoup trop paresseux pour cela et trop impatient. Je me laisse plutôt porter par mon humeur du moment tout en essayant de maintenir une certaine cohérence. Cela ne réussit pas toujours, et je gomme beaucoup, peut-être pas encore assez….

En ce qui concerne la sensation modale, j’ai plutôt cherché à l’éviter au profit d’une sensation tonale, en réponse au qualificatif de « tonale » donné à ma musique par JLF. En fait, j’ai l’impression que ce mode s’y prête particulièrement bien et l’utilisation des trois transpositions au lieu de deux seulement, aurait sans doute encore accentué cette particularité. Ce sera peut-être une prochaine tentative…Il est probable aussi que la sensation modale soit plus intense dans une écriture à dominante verticale, que dans une polyphonie horizontale qui permet plus facilement de la masquer…

Les décisions formelles "à priori" ne sont pas nécessairement censées être perçues. Ce sont des aides (comme la forme sonate, ou la forme en thème et variations, d'ailleurs ! mais plus compliquées, c'est sûr...).

Je ne sens pas bien de sensation tonale, ici, mais peut-être avons-nous une définition différente de ces sensations modales / tonales ?

Nicolas,

En ce qui concerne la sensation tonale, il est à noter que les modes à transpositions limitées sont dans l’ambiance de plusieurs tonalité à la fois. Le compositeur peut donner certaines prédominances ou laisser l’impression tonale flottante. Le mode employé ici est illustratif à ce sujet. Dans sa première transposition, on peut hésiter entre les quatre tonalités majeures de do, mi bémol, fa dièse et la. On peut de toute façon constater que bien des cellules mélodiques de cette pièces pourraient être énoncées en langage tonal. Il peut donc y avoir, passagèrement, des attractions tonales. Tout cela se complique encore du fait qu’il existe aussi, sauf erreur, des attractions modales (tierce-sixte). Je laisse à plus compétent que moi le plaisir de discourir sur ce sujet...mais je crois vraiment qu’en fonction de la façon de traiter ce mode, la sensation tonale est plus ou moins présente.

D'accord, je comprends mieux, en effet. C'est que pour moi la sensation tonale relève de quelque chose d'aussi harmonique que mélodique (la cadence), donc je ne la sentais pas du tout ici.

Ce mode est intéressant, certes, mais il reste limité à mon goût, quand il est utilisé seul. Parce qu'au contraire d'une gamme tonale où s'insèrent des notes de passage altérées, les 8 notes (ou une partie d'entre elles) y restent les seules utilisées, et la quarte juste, si je ne m'abuse, n'y existe pas.

En fait, la limitation à laquelle vous faites allusion, n'intervient que dans le cas où l'on n'utilise qu'une seule transposition du mode à la fois. A tort ou à raison, il y a des passages où je me suis permis d'utiliser les deux transpositions en même temps, chaque pupitre gardant sa transposition pendant un temps significatif, pour que la transposition soit clairement identifiée. Encore plus souple, harmoniquement, aurait été l'utilisation des trois transpositions en même temps. Quant à la quarte dont vous déplorez l'absence, ne l'entend-on pas en initiant le mode par le ton sur n'importe quel degré de la gamme chromatique, par ex. do-ré-mi bémol-fa etc? Dis-je une énormité?...

Pardon, mon erreur, je pensais au mode "demi-ton / ton" (do réb mib mi fa# sol la sib, donc pas de quarte) et je n'avais pas pensé à l'autre ! mais dans l'autre, pas de quinte ! (do ré mib fa fa# sol# la si)