En effet, j'aime toujours autant les débats ! Tant qu'ils sont constructifs, bien sûr !
Donc, point par point :
1. Nos points de vue semblent diverger là-dessus, et je ne vois pas comment nous concilier. Même si on regarde encore les peintures des peintres du XVIe, ils ne font pas pour autant partie des artistes du présent... Pourquoi leur donner plus de valeur qu'à des livres d'histoire ou qu'à n'importe quelle collection de musée, qu'on regarde aussi ?
2. Les harmoniques des sons dits "harmoniques" fonctionnent très simplement : en gros, chaque harmonique est un multiple de la fréquence fondamentale (l'harmonique la plus grave). Donc pour un La, par exemple, on aura 220Hz / 440 / 660 / 880 / 1100 / etc. Mais quand on regarde à quoi correspondent les harmoniques en question, on ne tombe pas sur la tierce juste, ni sur la quarte juste d'ailleurs. A vrai dire, la quarte augmentée arrive avant la quarte juste, ce qui pourrait faire dire que le mode lydien (touches blanches à partir du fa) est meilleur que le mode ionien (gamme majeure, touches blanches à partir du do).
Mais l'important est de savoir que ces assomptions sur la nature des harmoniques ont été tout à fait réfutées depuis : pourquoi l'oreille serait-elle plus attirée par les sons les moins rugueux (donc ceux pour lesquels le mélange des notes produit le moins de frottements entre les harmoniques) ? Il n'y a aucune raison physiologique pour ça. De plus, vu que la gamme tempérée (touches du piano) n'est pas tirée des harmoniques naturelles, il y a encore moins de raison pour aller vers certains accords, qui sonnent tous avec le même degré de rugosité.
En effet, la gamme tempérée a apporté cette bénédiction ou malédiction qui fait que chaque tonalité vaut exactement la même chose que les autres (exceptés pour les synesthètes et les gens qui ont l'oreille absolue) et leur est égale (encore une fois, à nuancer suivant les instruments, les notes à vide des cordes ayant un timbre différent vu l'impossibilité de les vibrer). Mais cela fait aussi qu'un do majeur et un fa majeur ont sensiblement le même aspect physique. Pourquoi aller vers l'un plutôt que vers l'autre ? Et si l'oreille recherche vraiment cet état de consonance parfaite, alors pourquoi apprécie-t-on mieux un do majeur avec sa tierce qu'un do seul (qui est le plus consonant possible, vu qu'il est seul) ?
Vraiment, il faut sortir de ces théories du XIXe qui ont tenté de justifier la tonalité et qui ont emmené à des aberrations comme les dires selon lesquels la musique de Mozart rendrait les bébés intelligents, serait préférée même par les rats, etc... cela jusqu'à aujourd'hui, ce qui rend la tâche difficile à la musicothérapie pour sortir de cet abîme du "le ré mineur soigne le cancer".
3. Si on parle d'Escaich et d'Hersant, c'est bien de post-modernisme, à mon sens, qu'on parle. On cite, on emprunte, et la tonalité a une valeur d'identité opposée à la non-tonalité (Vertiges de la Croix, d'Escaich). C'est quelque chose qui a été commencé par Ives avec sa Question sans réponse. Mais si les attractions existent, elles n'y sont pas nécessairement tonales (ce qui supposerait la dissonance-consonance) mais peut-être juste énergétiques. A voir, je ne suis pas experts sur le sujet. Mais effectivement, cela revient, et c'est tant mieux, il n'est pas utile de rejeter le passé, il disparaîtra de lui même à un moment. D'ici-là, tant qu'il a une valeur et un effet, autant en profiter !
Quelque chose me turlupine : qu'est-ce qu' "avoir quelque chose à dire", en musique ?