Bonjour Nicolas,
Je vois que vous aimez toujours autant le débat. Je reprends point par point :
- Les musiques datant de centaines d’années sont toujours écoutées, du Grégorien à la Renaissance, aux Baroques, aux Classiques, aux Romantiques et à mon avis rien ne permet d’affirmer qu’elles ne seront plus écoutées dans des centaines d’années. On peut même dire que ces musiques, composées à partir de la période baroque, n’ont jamais été autant écoutées, si l’on se place sur le plan mondial. Elles font donc bien partie du présent, et sans doute de l’avenir.
- Je ne comprends pas du tout votre développement sur les harmoniques qui ne répond pas au lien établi entre l’harmonie tonale et les harmoniques des sons. Rares sont les sons qui n’émettent qu’une seule fréquence, à part, par exemple le diapason, certains sons de flûte ou des oscillateurs électriques. La théorie dont il est question est en fait la génération de l’harmonie tonale en fonction des harmoniques naturels des sons. Encore une fois, cette théorie m’a parue tenir bien la route lorsque j’en ai pris connaissance, mais il y a longtemps de cela et je serais incompétent à présent pour en discuter plus avant. La conclusion était cependant que l’harmonie tonale a une base naturelle solide en expliquant, entre autres, par le rôle des harmoniques, les attractions auxquelles vous faites allusion.
- Les caractéristiques essentielles liées à la musique tonale de »consonnance-dissonnance » et « de tension-détente » sont jugées par vous comme arbitraires, et si je ne me trompe, ce caractère arbitraire ferait que ces caractéristiques sont soit de peu d’importance en musique, soit même condamnables, dans la mesure où elles seraient le résultat d’un conditionnement culturel empêchant un esprit d’ouverture. Or, personnellement, je pense, au contraire, que ces caractéristiques expliquent le succès de la musique tonale. En effet, elle sont à l’image du fonctionnement des nos sentiments, de notre cerveau, de nos questionnements, de notre vie. Pour moi, c’est bien pour cette raison que la musique tonale a cette audience mondiale. Les possibilités de remplir ces fonctions « vitales» dans d’autres systèmes plus ou moins exotiques ou primitifs, ou occidentaux modernes, existent , bien entendu, mais mon sentiment est que c’est à un moindre degré. A quoi vous répondrez peut-être que nous sommes culturellement conditionnés et nous allons tourner en rond….
- En ce qui concerne la « néo-tonalité », il s’agit du sentiment diffus de tonalité, d’attractions tonales, pouvant se dégager d’ œuvres à dominante modale, ou par exemple certaines œuvres spectrales, ou alors d’œuvres n’obéissant à aucun système ou langage précis, mais dans lesquelles on discerne bien ces attractions tonales. Je pense à des compositeurs comme Arvo Part, Escaisch, Connesson, Hersant etc. On sent bien le conditionnement culturel tonal…. Je vous précise bien que je ne suis en rien un militant du « retour à la tonalité » et que je ne fais rien d’autre ici que de constater ce qui est. Comme je l’ai déjà dit ailleurs : que chacun s’exprime comme il veut! L’important est d’avoir quelque chose à dire.
- Enfin la pérennité : c’est, au contraire, ne pas tout garder ! Bien sûr il y a des redécouvertes, mais globalement une valeur, dans n’importe quel domaine, doit être confirmée dans le temps. Ce n’est certainement pas le critère absolu, mais a-t-on trouvé mieux ?