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Une narratologie "naturelle" de la musique
(1 visualisation(s)) (1) Invité

SUJET: Une narratologie "naturelle" de la musique

---Re: Une narratologie "naturelle" de la musique il y a 11 ans, 9 mois #945

Tout cela que tu écris n-marty est de lecture très intéressante, au demeurant très sensé et moins d'apparence folle que tes tableaux...

Je te tire la pipe. Dans un de tes textes tu écris:
et pour pouvoir en discuter entre compositeurs avec un langage uniforme et défini, plutôt que de se perdre en métaphores diverses.
et plus bas dans le cours du même texte
1. est-ce que le son est beau ? est-ce qu'il est "rugueux" ? "lisse" ? "brillant" ? "mat" ? etc.




D'autre part et tu l'as sans doute bien remarqué, dans le contexte d'un film, d'un spectacle de danse, au théâtre et pour accompagner une exposition en art visuel, la musique contemporaine va généralement passer très bien. C'est quand on demande de l'écouter en soi qu'il y a des difficultés pour beaucoup, beaucoup de gens. Si encore certains d'entre eux cessaient de se glorifier de détester la musique contemporaine... ce que je trouve carrément exécrable (pour être poli).

Je vais revenir sur ce débat ici qui mérite bien mieux que ce que j'en écrit maintenant.

a+

---Re: Une narratologie "naturelle" de la musique il y a 11 ans, 9 mois #946

  • nicolasmarty
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Effectivement François, je n'ai pas expliqué mon utilisation de ces mots, ce qui a eu pour effet que Nicolas ne les a pas entendus dans la musique. Mais la rugosité et la brillance sont deux critères très objectifs (ou au moins très pertinents) pour nous occidentaux dans l'appréhension de la musique électroacoustique.

Pour savoir ce qu'est un son rugueux, il vous suffit de racler votre gorge. Pour savoir ce qu'est un son lisse, imaginez un son sinusoïdal (ou à défaut, une tenue medium à la flûte). Un son rugueux vient nécessairement d'un matériau rugueux, un son lisse d'un matériau lisse. C'est ce qui rend l'association naturelle (ça et le fait que le son soit constitué de vibrations physiques plus ou moins lisses elles-même). Ecouter le son comme ça permet d'entendre des choses et de trouver des intérêts là où on en voyait pas auparavant. La rugosité remplace la "dissonance", qui n'a plus aucune pertinence en tant que métaphore pour décrire le son (c'est bien, ça aussi, une métaphore).

Ensuite, la brillance du son est apparemment plus liée à notre culture, en ce que plus un son contient d'harmoniques aigues, plus il est considéré brillant. Imaginez le son d'un vibraphone, d'un glockenspiel. Ensuite, pour un son mat, imaginez le son d'une timbale, par exemple. C'est plus métaphorique, vraiment, mais c'est tout à fait pertinent pour écouter, parce qu'il ne s'agit pas seulement de savoir si le son est plus ou moins aigu, mais comment il est composé. C'est une formulation qui fait déjà consensus en électroacoustique.

Espérons effectivement que beaucoup arrêteront de considérer comme un mérite le fait de ne pas aimer la musique contemporaine.

Je ne serai pas sur le forum aujourd'hui et demain (visites d'appartements...) mais retrouverai vos réponses avec plaisir samedi !

---Re: Une narratologie "naturelle" de la musique il y a 11 ans, 9 mois #948

  • Nicodem
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François Desjardins écrit:


D'autre part et tu l'as sans doute bien remarqué, dans le contexte d'un film, d'un spectacle de danse, au théâtre et pour accompagner une exposition en art visuel, la musique contemporaine va généralement passer très bien. C'est quand on demande de l'écouter en soi qu'il y a des difficultés pour beaucoup, beaucoup de gens. Si encore certains d'entre eux cessaient de se glorifier de détester la musique contemporaine... ce que je trouve carrément exécrable (pour être poli).


C'est vrai que dans le contexte d'un film ou d'un spectacle cela passe très bien. C'est peut-être qu'elle ne se suffit pas à elle-même ? Je ne me glorifie pas de détester la musique contemporaine (ce qui d'ailleurs est loin d'être toujours vrai). En fait je trouve un peu facile de dire que c'est de notre faute si on n'aime pas telle ou telle pièce : c'est parce qu'on manque de formation, voire qu'on est paresseux

---Re: Une narratologie "naturelle" de la musique il y a 11 ans, 9 mois #949

Nicodem écrit:

[...] Je ne me glorifie pas de détester la musique contemporaine (ce qui d'ailleurs est loin d'être toujours vrai).


Je ne pensais pas du tout à toi quand j'ai mentionné cela.

---Re: Une narratologie "naturelle" de la musique il y a 11 ans, 9 mois #950

  • bricas
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Le sujet de ce fil était l’exposition des concepts de Nicolas censés éclairer le problème de la réception de la musique électroacoustique, et la réaction que nous pouvons avoir en présence de ces concepts. A présent, la discussion semble tourner autour de la musique contemporaine en général, comme nous y a invité Nicolas dans son message 933. Ses concepts s’appliqueraient donc à la musique contemporaine en général ? Au fait, que signifie « musique contemporaine » ? Contemporain signifie « de notre temps » et je suppose que l’on englobe ici le 20° et le début du 21° siècle. Et que constatons nous : une multiplicité de courants, de langages, de styles, dont certains sont moins bien reçus que d’autres. En aucun cas, on ne peut mettre toutes ces musiques dans le même sac « contemporain », c'est-à-dire rencontrant des problèmes quant à sa réception par le public. Il serait très facile d’illustrer ce propos ! Il faudrait donc en conclure que certaines musiques contemporaines rencontrant des difficultés pour être reçues, auraient besoin d’être conceptualisées, expliquées musicologiquement de manière aussi sophistiquée ? A mon avis, cela s’apparente à une béquille et il me semble que la musique doit pouvoir être reçue sans béquilles, et sans d’interminables et savantes discussions pour démontrer sa valeur. Mais, bien entendu, il faut aussi laisser faire le temps... Cela dit, je reconnais bien volontiers le mérite de la démarche analytique de Nicholas. Son don pour la conceptualisation me laisse rêveur, mais finalement plutôt admiratif.

---Re: Une narratologie "naturelle" de la musique il y a 11 ans, 9 mois #951

  • nicolasmarty
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Ca paraît effectivement facile de dire que c'est à l'auditeur de faire l'effort, mais c'est pourtant vrai. Le compositeur n'a pas à ramener sa musique vers la tonalité, le paradigme de consonance-dissonance, le temps pulsé, simplement parce que l'auditeur apprécie ça plus facilement que ce qui en sort.

Cette musique "contemporaine" (disons qu'on parle des musiques "savantes" depuis le milieu du XXe, ce qui reste encore très large) se suffit à elle-même, sinon elle n'aurait pas tout un tas de gens qui l'écoutent pour elle-même !

Pour être bien reçues, les musiques électroacoustiques n'ont pas besoin d'être conceptualisées tel que je le fais. En revanche, le fait de conceptualiser tout cela permet de pouvoir comprendre pourquoi un auditeur ne va pas apprécier telle ou telle musique. Les auditeurs qui n'écoutent pas régulièrement de l'électroacoustique utilisent des stratégies d'écoute basées sur la recherche de consonance-dissonance, de tension-détente et de syntaxe de type harmonique (un accord va vers un autre). Ce genre de stratégies d'écoute n'est qu'une des nombreuses possibilités, et se limite à la partie en bas à gauche de mon modèle (c'est du conceptualisme pur, mais tellement ancré qu'il remonte un peu vers le haut, vers le ressenti). Donc le modèle permet de voir où se situe un auditeur et ce qu'on pourrait faire pour l'aider à trouver quelque chose.

Ces concepts ne s'appliquent pas nécessairement tels quels à toute la musique contemporaine (notamment la partie droite, qui est vraiment basée sur l'identification des sons : "c'est un bébé", "c'est un son frappé", etc. - celle-là est très spécifique à la musique électroacoustique), mais une adaptation n'en serait pas bien compliquée (je m'y mettrai probablement un jour (une fois que ce modèle-ci sera validé...).

Mais ça fait plaisir de voir que le sujet suscite votre intérêt, en tout cas !
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