Bonjour et bienvenue (à nouveau) sur le forum
Hervé Noury écrit:
Les œuvres qui d'ailleurs ont le plus marqué leur auditoire étaient, soit comme dit dans notre première partie, des oeuvres de musique électronique, soit des œuvres en rapport avec les atrocités commises durant la seconde guerre mondiale. Nous citions ainsi le « Chant des adolescents dans la fournaise » de Stockhausen qui présente différentes distorsions de voix d'enfant mêlées à des timbres électroniques épars (la composition en est certainement sérielle)."
Où est-ce que vous avez vu que le "Chant des adolescents" de Stockhausen est en rapport avec la Shoah ?
J'ai beau chercher, mais je ne vois pas, mis à part le parallèle qu'on peut faire avec le titre du texte (qui est en effet tiré de l'Ancien Testament, mais le texte lui-même raconte comment Daniel et ses copains sont sauvés du feu par Jésus, et il n'y a aucune extermination systématique).
Stockhausen lui-même l'a-t-il mentionné ?
Hervé Noury écrit:
Maintenant que l'Europe est en paix, pourquoi n'appaisons-nous pas notre sentiment?
J'imagine que vous pourrez lire mon avis sur la question de ce que vous appelez "atonalité" dans ce fil, et sur le reste du site. Je ne vais pas revenir dessus trop longuement, puisque ce serait certainement stérile ici. Mais cette idée que l'atonalité serait nécessairement chaotique, ou tendue, ou en tout cas pas apaisée me perturbe, puisqu'elle est si répandue parmi les gens qui n'aiment pas autre chose que la tonalité.
Encore croire aujourd'hui que les formes de musiques autres que tonales viennent des horreurs de la guerre, ça me parait être de la sociologie dépassée. Les compositeurs allaient vers ça bien avant. La seule chose qui change avec le XXe siècle, c'est qu'enfin on retire le poids du système tonal qui disait qu'il fallait faire comme ci et pas comme ça. C'est bien là qu'est le système établi. L'institutionnalité de l' "atonalité", c'était dans les années 50, 60, peut-être 70, c'est passé depuis bien longtemps. La musique tonale est beaucoup plus financée que les autres (sans même parler de sa médiatisation... qui fait aussi son succès - bien sûr, d'autres qualités y participent). Mais c'est encore une question large...
Je vous paraphraserai simplement :
Maintenant que l'Europe est en paix, pourquoi n'apaisons-nous pas notre névrose, notre volonté de contrôle, de prévision, notre idée de la supériorité de l'humain sur le reste de la matière ? Toutes ces choses qui constituent la justification de la tonalité (l'anticipation, la mélodie "chantante", la raison de l'auteur...), si on veut faire de la sociologie un peu fallacieuse, pourrait aussi être vues comme celles qui ont menées aux atrocités de la Seconde Guerre Mondiale (et d'aujourd'hui). Et dans cette perspective, on peut comprendre qu'un système qui les mettait en oeuvre de manière tellement éloquente ait pu être rejeté. (mais c'est bien là de la mauvaise sociologie)
Pourquoi, plutôt, n'acceptons-nous pas d'explorer les
possibilités de notre
perception ? Regarder, entendre, apprécier ensuite, plutôt que chercher à savoir vers où on va. Attendre qu'une matière se donne pour la regarder, plutôt que d'en rejeter les premiers atomes, les premières fractions de secondes. Mais surtout, accepter que d'autre ont des goûts différents. Ca m'attriste toujours de voir que ce sont bien les gens qui rejettent ce qu'ils appellent l'atonalité qui se mettent en position de juge : la tonalité c'est bien, l'atonalité c'est mauvais (parce que etc.).
Un point intéressant, c'est que vous semblez dire qu'il serait moins harmonieux que plusieurs chemins se fassent en même temps (j'ai peut-être mal compris ?). C'est pourtant bien ce qui se passe dans toutes les situations quotidiennes, partout dans la nature, dans des phénomènes qu'on peut trouver très beaux.
Quant à votre ouvrage, quand je vois une sous-partie dédiée à "LA musique atonale" au même titre qu'une autre est dédiée à "Le poème symphonique chez Debussy", je retrouve ce qui m'avait déjà choqué dans le traité de Koechlin... et celui-ci date de presque un siècle...
Mais je n'ai pas lu l'ouvrage, et je ne peux pas me permettre d'en commenter le contenu, seulement la présentation.
Musicalement.
PS. Peut-être que je suis un peu véhément dans mes propos, j'espère que vous m'en excuserez si c'est le cas. Mais en tant que personne qui préfère la plupart des musiques non tonales aux musiques tonales, ça me touche toujours de près quand je lis des gens disant qu'il s'agit d'un problème ou y supposent des raisons qui n'ont pas lieu d'être. Vous pouvez imaginer ce que cela vous ferait si je poursuivais ma mauvaise sociologie en affirmant que les compositeurs de musique tonale encouragent un système de domination anthropocentrique (dans tous les sens du terme), etc. (ce que je ne pense pas, d'ailleurs).