Bonjour François,
Je découvre cette pièce alerte et fleurant bon la comptine pour enfant, la virtuosité en plus, bien entendu. C'est l'impression ressentie à la première écoute, à savoir une musique à programme qui se situe dans une esthétique faussement anodine, voire désinvolte. L'examen de la partition révèle plutôt une construction - rythmique notamment - rigoureuse et déjouant le piège de l'illisibilité, à force de virtuosité. Le risque était effectivement d'obtenir une bouillie sonore dont la forme se serait diluée dans un magma de notes défilant à un rythme effréné. Ce n'est pas le cas, et l'on a plutôt la sensation d'une écriture ciselée, avec juste le nombre de notes suffisant, sans excès, et parfois avec un parti-pris de sécheresse qui surprend, tant l'ensemble respire la joliesse et la fraîcheur de ton.
Votre présentation permet effectivement de se représenter ce dialogue instrumental joyeux, tenant lieu de dialogue verbal, faute de compréhension entre des locuteurs qui ne peuvent se comprendre par la parole et choisissent donc de se parler par le biais de leurs instruments. On y décèle même la transposition musicale d'un bavardage à bâtons rompus, chacun reprenant la parole de l'autre (rendu ici par le dialogue thématique entre instruments) pour y ajouter son point de vue (voir les variations).
C'est ainsi que se construit, un "concerto", dans le sens étymologique du terme italien (= "dialogue") à plusieurs solistes, bien qu'on sente nettement toute l'attention portée au basson qui domine l'ensemble, donnant presque la trame de chaque variation ; tout semble s'organiser autour de lui, dans ce "concert champêtre" - pour paraphraser une œuvre célèbre de F.Poulenc - dont on retrouve ici l'allégresse et la dimension solaire. Il s'agit d'un dialogue au fond des bois, mais sûrement en pleine clairière et on a souvent l'impression que les instruments se muent en oiseaux ou insectes virevoltant, qui tenteraient d'attraper de fugitifs éclats de soleil surgis entre des feuilles dansant au gré du vent.
Que signifie la ligne NTempo figurant au somment de la partition ? Est-elle une spécificité de ce type de dispositif instrumental ?
Une bien jolie contribution estivale que ce "Bois d'Oxford" faussement ingénu.
Amitiés,
Yves