29. Récital lyrique du 9 juin 2024 au château de Regnière-Écluse

Récital lyrique

 

 

 Dimanche 9 juin 2024

15h-16h30

 

Chapelle du château de REGNIÈRE-ÉCLUSE

 

49 Rue du Régiment de la Chaudière, 80120 Regnière-Écluse

Parking gratuit situé en face de la grille d’entrée du château

 

Takako Igarashi-Pentier, piano

Isabelle Malet, soprano

Philippe Moiroud, baryton

 

Oeuvres de G. Bizet, A. Dvorak, A. Messager, E. Satie, F. Poulenc

et autres compositeurs

 

TARIF UNIQUE : 12 euros

 

Billetterie en ligne : https://www.helloasso.com/associations/musicomposer-le-salon-de-musique-des-compositeurs-associes/evenements/recital-lyrique-et-poetique-du-9-juin-2024-a-regniere-ecluse

Vous pouvez aussi utiliser le QR code suivant : 

 

Une billetterie sur place sera également prévue (paiement en espèces ou par chèque uniquement)

 

PROGRAMME

  1. Mélodies du Cycle de l’Amoureux / Yves Rinaldi (Isabelle Malet et Philippe Moiroud)
  2. Onze-heures-cinquante-neuf / Yves Rinaldi (Philippe Moiroud)
  3. Le génie / Jean-Louis Péru (Isabelle Malet)
  4. Le colimaçon / Jean-Louis Péru (Isabelle Malet et Philippe Moiroud)
  5. Terre / Philippe Delaplace (Philippe Moiroud)
  6. Soupir / Nicolas Démétri (Isabelle Malet)
  7. Fruit confit / Christophe Frionnet (Philippe Moiroud)
  8. Et l’amour passe / Nicolas Démétri (Isabelle Malet)
  9. Sérénade du chat noir / Christophe Frionnet (Philippe Moiroud)
  10. Mais une larme / Yves Rinaldi (Philippe Moiroud)
  11. Caprice, en ut majeur pour piano, d’après le final du « Le Bal masqué » / F. Poulenc (Takako Igarashi-Pentier)
  12. Chanson d'avril / G. Bizet (Isabelle Malet) 
  13. La diva de l'empire / E. Satie (Isabelle Malet et Philippe Moiroud)
  14. Les jardins de Paris, dédiés à Gabriel Bacquier (extraits) / Marc Berthomieu (Philippe Moiroud) : Parc Montsouris - Palais Royal - Jardins d’Albert Kahn – Luxembourg - Square Georges Cain - Vincennes - Jardin des Tuileries 
  15. J'ai deux amants / A. Messager (extrait de l'Amour Masqué), Isabelle Malet
  16. L’air à la lune / A. Dvorak (extrait de Rusalka), Isabelle Malet
  17. Duo de l’âne – De ci, de là / A. Messager (extrait de Véronique), Isabelle Malet Philippe Moiroud.

 

TEXTES DES MÉLODIES

 

1. CYCLE DE L’AMOUREUX (Oscar Mandel, 2010)

  1. 1.       L’amoureux

L’homme que tu choisiras d’aimer

Ne croira plus en la pluie,

Lundi sera pour lui dimanche,

Il ira pincer les joues d’un gros colonel,

Et il ne mourra jamais.

 

J’en suis presque là moi-même,

Depuis que tu me lanças, distraitement,

Deux mots, trois mots, presque courtois.

 

  1. 2.       L’amoureux comblé

 

Quand méprisé je gémissais,

Que de poèmes pleuvaient !

Tu m’as ouvert la porte.

Ma plume est morte.

 

  1. 3.       L’amoureux inquiet

 

Trois jours d’absence, et dans cette cuillérée d’heures

Mugit un océan de peurs.

 

  1. 4.       L’amoureux impatient

 

Va ! Marche ! Avance ! Assis sur les heures

Comme un gros bœuf qui lui s’en fout

Je bats sa croupe avec mes fesses

Je sue d’effort de crier qu’il lève ses pattes

Je lui susurre des gentillesses furieuses je lui assène

Un bon coup de poing entre les oreilles.

Rien à faire ! Le lourdaud va comme il va.

Une fois par siècle

Nous dépassons un arbre et il y en a mille.

 

  1. 5.       Le fou rêve de l’amoureux

 

Je t’emmène vite vite dans un jardin

Mais un jardin vingt fois

Plus beau que paradis.

Peuplé d’herbes inconnues en France

Et de fleurs qui font pâlir nos parfums ;

Les moustiques y sirotent

Le suc des pommes

Et l’alouette dit à la grenouille

Que tu chantes bien !

Dans mon jardin

Vingt fois plus beau

Que paradis.

 

Par-dessus nos têtes un soleil couleur orange

Engagé pour onze heures d’un matin

Sans fin dans un mai sans trêve,

Un nuage ou deux pour rire et des arbres

Ah ! des arbres se démenant comme des fous

Pour rester précisément sur place,

Près naturellement de toi, toi que leurs effrontés feuillages

Abritent et espionnent.

 

Tout autour j’érige une muraille

Epaisse, morose, faite d’une sale pierre rousse,

De la ferraille barbelée juchée dessus,

Et ça et là un molosse pas content.

N’ayant pas d’ailes

J’y creuse un portail (un seul),

Verrouillé d’un cadenas d’une tonne ou deux

Dont la clé est dans ma poche.

Ce portail a de l’esprit car il comprend

Que je suis concierge et roi.

 

Et après ? Ma langue s’en va.

L’heure de mon arrivée,

Le bonjour que je reçois,

Le poids et le contour de nos dialogues,

Les baisers qui les sabotent

Juste quand ils dépassent Socrate,

Les rires que mon brave mur nous renvoie,

Nos corps mouillés qui se tressent sur l’herbe,

Rien. Silence. Aucune ambition

D’être un faiseur d’évangiles ;

Et chaque jour vient nous unir

La cloche d’une église lointaine

Qui s’occupe d’autres que nous.

 

Et toi,

Jamais tu ne me demanderas cette clé,

Disant, ô si doucement, « Suffit !

« j’ai faim de la ville là bas, »

« bureau, la tante, les sous, les choses qui se fanent, »

Jamais tu ne la prendras de ma main,

Puisque ceux qui partent ne reviennent plus

Plus jamais

Dans mon jardin

Ce jardin

Vingt fois plus beau

Que paradis.

 

  1. 6.       L’amoureux blessé

 

Ils voient que je suis triste. Je leur dis pourquoi.

Crime n’est pas crime. Nos mots sont mensonge.

Partout des statues pour les grands meurtriers,

Et, qui sait ? Les tués aussi méchants que les tueurs.

Le soleil va s’éteindre. Le monde mange le monde.

Je meurs ni sauvé ni damné.

Ne sont-ce pas des raisons suffisantes ?

« Oui, l’homme est profond », disent-ils.

Naïfs ! S’ils savaient la vérité !

Tu m’as quitté, je pleure.

 

2. ONZE-HEURES-CINQUANTE-NEUF (Oscar Mandel, 2010)

 

Je vois deux vaches trotter en Normandie

Comme des juments ! d’un bout de pré à l’autre.

Dieu dort.

Une chenille mesure son millimètre sur une poutre.

Une flaque d’eau rejoint le soleil.

Je vois la tige qui pousse.

La route, serrant sur ses genoux un tracteur qui ronfle,

Se glisse sous une colline. Un coq attardé

S’égosille devant les coquelicots

Qui n’entendent que les coquelicots.

Rien ne meurt.

Midi ! Midi ! Midi ! clament les cloches.

Dieu bouge.

Ah ! Cette guêpe me regarde de travers.

 

3. LE GÉNIE (Oscar Mandel, 2010)

Vous connaissez cette rivière,

comme elle se promène, allure de dimanche,

en admirant (nul besoin de s’arrêter !)

ici, un arbre, ici une maisonnette aux joues fleuries,

ici une vache penchée sur son herbe,

et puis se remuant en gentils remous,

et puis fignolant une feuille jaunie

ou une sandale qui refuse de sombrer,

tout en glougloussant un air ô loin de Schubert

mais délicieux quand même :

Mais vous la connaissez aussi quand,

les rives se resserrant, l’eau se rue,

devient tempête, les yeux n’arrivent plus à la suivre,

elle cravache, elle frappe, elle dévore, elle hurle, elle crache,

et alors elle ressemble au génie et elle est merveilleuse.

Évitez-la, mes amis ; évitez-le.

 

4. LE COLIMAÇON (Oscar Mandel, 2010)

Je suis un brave colimaçon,

je vogue sur feuilles et pierres.

Parfois je vis parfois je meurs

et entre viens et va j’entends

Des hommes le chant

Que l’homme survive ! Que l’homme survive !

        quel enfer

        la terre

Sans Edimbourg, Lima et Tel-Aviv !

Eh ! qu’ils m’étonnent ces hommes !

Je suis un brave colimaçon,

je vogue sur feuilles et pierres.

 

5. TERRE

Terre, Terre qui, Intérieure, Solitaire

Terre qui, Profonde, Profondément respire,

Terre qui, Énorme,

Terre de siècles et millions de siècles

Terre, Terre des Mille et Une Nuits

Terre de Lune, Terre de plomb, Terre, Sommeil de plomb

Terre des rêves et mystères enfouis, Terre des songes,

Terre de feu ! Terre d’un trop ardent désir,

Terre prise d’un doute, Terre qui soudain,

Terre qui frémit, Réveil d’une terre endormie,

Mystère qui, sous terre, Naissance, Terre qui sous terre, « Underground »,

Terre de bruits sourds, Terriblement trouble,

Entendre, Enfin, Entendre battre le cœur de la Terre.

Terre emplie de milliers de tambours, de milliers de tambours

Troublant murmure provenant des tréfonds,

Terribles tambours battants, Terribles tambours battants,

Terribles tambours, Terribles tambours hurlants !

Terre de bruits sourds, Terriblement troubles,

Terribles tambours hurlants, roulants.

Terribles tambours battants, Terribles tambours battants, roulants, hurlants !

Tremble la terre et tremble la mer, Tremble la terre et tremble la mer, Soulève la vague, soulève !

 

6. SOUPIR (Stéphane Mallarmé, 1866)

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,

Un automne jonché de taches de rousseur,

Et vers le ciel errant de ton oeil angélique

Monte, comme dans un jardin mélancolique,

Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !

– Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur

Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie

Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie

Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,

Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

 

7. FRUIT CONFIT (B. Courraud, 1994)

C’est si exquis le fruit confit, c’est si exquis, c’est si exquis

Je mis le doigt confidentiellement dans le fruit confis qui en fut tout déconfit

Je me fis la confidence que ce fruit si confit ne méritait pas ma confiance

À qui se fier en conséquence ?

À qui ?

Car c’est si exquis le fruit confit, c’est si exquis, c’est si exquis

Je le pris délicatement entre les dents

Il glissa sur mes gencives et atteignant ses deux rives, s’affala et se répandit très impudiquement

Ce fut ma déconfiture

Je le regrette amèrement

Car c’est si exquis le fruit confit, c’est si exquis, c’est si exquis

Je déclarai la guerre à l’intrus pour son inconvenance

Confit ou pas confit, ce fruit n’était plus digne de ma confiance

Je le vomis

Ce fut ma délivrance

Mais depuis j’en garde nostalgie

Car c’est si exquis le fruit confit, c’est si exquis, c’est si exquis.

 

8. ET L’AMOUR PASSE (E. de Wittelsbach, 1886)

Et l’amour passe

Plus vite que ne fond la neige

Quand le vent de mai la balaie.

Car, hélas ! je n’ai plus l’espoir

De te voir penché vers moi avec amour

J’ai vu en face la dure vérité

Tu es courtois, tout simplement.

J’ai porté trop longtemps

Mon regard sur ton visage,

Et me voici tout éblouie

Par le reflet de ta beauté.

Si je savais chanter, je ne chanterais que toi !

Quand le premier rayon du soleil

Me salue au matin,

Je lui demande toujours

S’il t’a embrassé.

Et je pris chaque nuit

Le clair de Lune

De te dire en secret

Combien je t’aime.

 

9. SÉRÉNADE DU CHAT NOIR (C. Frionnet, 2018)

Je suis le chat Chosta

Le chat qui chasse tôt

Je cours vers le rata

Pour tremper mon museau

Je lis Nietschze et Foucault

Sur l’bord du lavabo

Mes griffes comme argument,

Christophe en veut vraiment

Miaoutox marafou

Kamaou bar deplixis

Il faut que je m’applique

Sur ma formule magique

Miaoutox marafou

Kamaou bar deplixis

Ouch Karbaou croqu’minoux !

 

Je suis le chat Chosta

Le chat qui chasse tôt

Je cours vers le rata

Pour tremper mon museau

Je lis Nietschze et Foucault

Sur l’bord du lavabo

Mes griffes comme argument,

Christophe en veut vraiment

Ouch Karbaou croqu’minoux !

 

10. MAIS UNE LARME (Y.Rinaldi, 2012)

« Que savez-vous du coeur d'Elvire ? Que savez-vous du coeur des femmes, si fragile ? Elle paraît si forte et presque insensible à son sort pour celui qui ne sait écouter. Ses lèvres sourient au destin, mais une larme vient voiler son regard quand ses pensées s'envolent au loin. Son corps est une prison de chair dont elle ne peut s'échapper qu'en fermant les yeux. Sa voix se rit du destin, mais dans son âme une ombre recouvre le ciel de ses remords, d'une pluie d'adieux ».

 

12. CHANSON D’AVRIL (L. BOUILHET, 1859)

Lève-toi, lève-toi ! le printemps vient de naître !

Là-bas, sur les vallons, flotte un réseau vermeil !

Tout frissonne au jardin, tout chante et ta fenêtre

Comme un regard joyeux est pleine de soleil !

 

Du côté des lilas aux touffes violettes

Mouches et papillons bruissent à la fois

Et le muguet sauvage, ébranlant ses clochettes

A réveillé l'amour endormi dans les bois !

 

Puisqu'avril a semé ses marguerites blanches

Laisse ta mante lourde et ton manchon frileux

Déjà l'oiseau t'appelle et tes sœurs les pervenches

Te souriront dans l'herbe en voyant tes yeux bleus !

 

Viens, partons ! au matin, la source est plus limpide ;

Lève-toi ! viens, partons ! N'attendons pas du jour les brûlantes chaleurs ;

Je veux mouiller mes pieds dans la rosée humide

Et te parler d'amour sous les poiriers en fleurs.

 

 

13. LA DIVA DE L’EMPIRE (D. BONNAUD et N. BLÈS, 1904)

 

Sous le grand chapeau Greenaway

Mettant l´éclat d´un sourire

D´un rire charmant et frais

De baby étonné qui soupire

Little girl aux yeux veloutés

C´est la diva de l´Empire

C´est la reine dont s´éprennent les gentlemen

Et tous les dandys

De Piccadilly

 

Dans un seul yes, elle met tant de douceur

Que tous les snobs en gilet à cœur

L´accueillant de hourras frénétiques

Sur la scène lancent des gerbes de fleurs

Sans remarquer le rire narquois

De son joli minois

 

Sous le grand chapeau Greenaway

Mettant l´éclat d´un sourire

D´un rire charmant et frais

De baby étonné qui soupire

Little girl aux yeux veloutés

C´est la diva de l´Empire

C´est la reine dont s´éprennent les gentlemen

Et tous les dandys

De Piccadilly

 

Elle danse presque automatiquement

Et soulève, aoh! Très pioudiquement

Ses jolis dessous de fanfreluches

De ses jambes montrant le frétillement

C´est à la fois très, très innocent

Et très, très excitant

 

Sous le grand chapeau Greenaway

Mettant l´éclat d´un sourire

D´un rire charmant et frais

De baby étonné qui soupire

Little girl aux yeux veloutés

C´est la diva de l´Empire

C´est la reine dont s´éprennent les gentlemen

Et tous les dandys

De Piccadilly

 

 

 

14. LES JARDINS DE PARIS (M. BERTHOMIEU, 1974)

 

  1. 1.       Le parc Montsouris.

Le plus joli de mes voyages, je l’ai fait mes amis mains nues sans arme ni bagages et sans quitter Paris. Surtout amis n’aller pas prendre quelques grands paquebots quand il suffit pour vous y rendre d’un ticket de métro.

Regarder cette mer qui brille et surtout mes amis ce grand ciel bleu pur ou scintille dans le lointain Tunis. À la condition tout de même pour la mère le ciel bleu, d’employer le doux stratagème d’un peu fermer les yeux.

Amis, faites ce beau voyage en plein cœur de Paris, partez sans arme ni bagages pour le parc Montsouris.

 

  1. 2.       Le palais Royal.

 Au palais Royal, du temps de Colette, au palais Royal du temps de Cocteau.

Quand Josette Day était la plus belle, quand la bête était Jean Marais, Jeannot.

Que j’aurais aimé jouer en cachette les utilités de la belle histoire, quand la mort n’était qu’idée de poète et tous les décors de bébé Bérard. Que j’aurais aimé n’être que le page des bons souverains du palais si beau, Colette m’aurait Bourgogné des pages et j’aurais volé l’Étoile à Cocteau. Quand Josette Day était la plus belle quand la bête était Jean Marais Jeannot, au palais Royal du temps de Colette, au palais Royal du temps de Cocteau.

 

  1. 3.       Le jardin d’Albert Kahn.

Au jardin japonais des jardins d’Albert Kahn, j’ai rencontré Yoko la petite étudiante. Je lui ai pris la main dans la forêt vosgienne, et je l’ai embrassé dessous les cèdres bleus. Nous nous donnions des rendez-vous dans un jardin toujours nouveau, quand nous en eûmes fait le tour ce fut la fin de nos amours. Au jardin japonais des jardins d’Albert Kahn, j’ai attendu en vain mon amie japonaise, j’ai pleuré de chagrin sous la jolie lanterne, contre le petit pont près du cèdre pleureur.

 

  1. 4.       Le Luxembourg.

 Au jardin du Luxembourg lorsque enfant j’étais bien sage vous meniez, chers parents, voir guignols de temps en temps. Aujourd’hui le Luxembourg n’est plus que lointaine image, au bureau comme au volant, je vois guignols tout le temps. Le guignol du Luxembourg me faisait autrement rire, l’autre empoisonne mes jours. Je dois souffrir sans rien dire. Ô Fontaine Médicis, Galatée et Polyphène avec le berger Asis, je vous évoque de même, que les couples enlassés par l’automne aux feuilles rousses, par l’hiver au jour glacé, le printemps aux heureux douce. J’ai regret du Luxembourg où jamais ne me ramène le souvenir d’un amour ; donc ne reste que la peine.

 

  1. 5.       Square Georges Cain

 Au square Georges Cain beauté parce que je t’avais trompé, tu m’as lancé très fort un caillou de colère. J’allais te dire justement, si tu n’as jamais eu d’amant, lance-moi donc amour une première pierre. Mais avant que j’aie pu parler, ton projet de me lapider dans cet endroit charmant un peu trop lapidaire… m’est apparu si évident, que j’ai fui tout en l’emportant pour mon petit jardin ta pierre meurtrière.

 

  1. 6.       Vincennes.

Avenue de la dame Blanche, je vous ai surprise au matin comme une fille dans son bain, une fille après le sommeil, sous la douche dort du soleil. J’ai surpris le bois de Vincennes, le bois de Vincennes au matin comme on retrouve un être humain après l’inhumain et le mal après les robots de métal.

O vous la belle Gabrielle, je vous ai surprise au matin humide de tous vos parfums je marche dans votre Avenue elle est tout à moi toute nue. J’ai aimé le bois de Vincennes, le bois de Vincennes au matin, je l’ai haï un peu plus loin pour avoir été sans témoin, détroussé par le grand rouquin d’une fillette à l’œil de Coquin.

 

  1. 7.       Le jardin des Tuileries.

 Ce petit coin dans le jardin des Tuileries, dessiné par le Nôtre. Ce petit coin, de jour en jour, petite amie oui nous l’avions fait nôtre. Et puis soudainement tu n’en as plus voulu de cette promenade. J’ai questionné longtemps, tu n’as pas répondu et pris un air maussade. Puis tu m’as avoué - car je t’ai décidée - ta jalousie aiguë que ton cœur éprouvait lors ce que je regardais les lascives statues. Ce petit coin dans le jardin des Tuileries, que nous avions fait nôtres, j’y reviendrai certainement l’arme guérie demain au bras d’une autre.

 

15. J’AI DEUX AMANTS (S. GUITRY, 1923)

 

J'ai deux amants

C'est beaucoup mieux

Car je fais croire à chacun d'eux

Que l'autre est le monsieur sérieux

Mon Dieu, que c'est bête les hommes

Ils me donnent la même somme

Exactement par mois et je fais croire à chacun d'eux

Que l'autre m'a donné le double chaque fois

Et, ma foi, ils me croient, ils me croient

Tous les deux

Je ne sais pas comment nous sommes

Nous sommes, nous sommes

Mais, mon Dieu, que c'est bête un homme

Un homme, un homme

Mon Dieu, que c'est bête un homme

Alors, vous pensez deux !

Un seul amant, c'est ennuyeux

C'est monotone et soupçonneux

Tandis que deux, c'est vraiment mieux

Mon Dieu, c'que les hommes sont bêtes

On les ferait marcher sur la tête facilement, je crois

Si par malheur ils n'avaient pas

À cet endroit précis des ramures de bois

Qui leur vont et leur font

Un beau front ombrageux

Je ne sais pas comment nous sommes

Nous sommes, nous sommes

Mais, mon Dieu, que c'est bête un homme

Un homme, un homme

Mon Dieu, que c'est bête un homme

Alors, vous pensez deux !

 

16. L’AIR À LA LUNE (J. KVAPIL, 1900)

 

Traduction :

 

Tendre lune, sur le ciel profond,

Ta lumière pénètre au loin,

Tu te promènes à travers le monde

Et vois les hommes dans leurs demeures.

O lune, arrête-toi un moment,

Dis-moi, veux-tu, où est mon amour !

Dis-lui, lune argentée, de ma part

Que je le serre sur mon cœur,

Qu'au moins pour un bref instant

Il se souvienne de moi !

Va, trouve-le dans le vaste monde,

Dis-lui, oh, dis-lui qui l'attend ici !

Et si de moi son âme rêve,

Que ce souvenir le réveille !

O lune, ne t'éteins pas !

 

17. DUO DE L’ÂNE – DE CI, DE LÀ (A. VANLOO et G. DUVAL, 1898)

 

Refrain :

De ci, delà, de ci, de là

Cahin, caha, cahin, caha !

Va ! chemine, va ! trottine

Va ! petit âne, va de-ci, de-là, Cahin-caha,

Le picotin te récompensera.

 

1. Ah ! Mes amis, je suis heureuse,

Et je ris sans savoir pourquoi !

Et moi, de la voir si joyeuse,

Je me sens triste malgré moi !

Ah ! Que c'est amusant un âne

Et capricieux entre nous.

Bien moins encore, entendez-vous ?

Que la coquette qui me damne !

 

2. Et puis, voyez la belle gerbe,

J'ai dévalisé tous les bois.

Mais en cueillant des fleurs dans l'herbe,

Elle a cueilli mon cœur, je crois.

Dans l'eau que l'on mette bien vite

Marguerites et coquelicots.

Combien je voudrais à huis clos

Interroger la marguerite !

 

 

 

 

 

 

 

 

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