Motet jubilatoire et triomphant qui traduit merveilleusement la joie de l’âme participant au banquet céleste. Destiné à un chœur mixte à quatre voix. Celui ci chante soit d’un seul « cœur » /chœur » en
homorythmie comme dans la première partie soit comme dans les mesures suivantes dans un
jeu d’échos par le truchement de petits motifs rythmiques ou mélodiques repris à chaque pupitre.
Il se découpe en
quatre parties suivant le texte latin
A : mes 1 à 38 :
O sacrum convivium!
in quo Christus sumitur:
O banquet sacré
où l'on reçoit le Christ
B :mes. 39 à 58 passage plus lent et plus grave évoquent » la passion »
recolitur memoria passionis ejus:
mens impletur gratia:
et futurae gloriae nobis pignus datur
On célèbre le mémorial de sa passion,
l'âme est remplie de grâce et,
de la gloire future,
C : mes 59 à 76 : reprise du texte précédent, dans une version plus emplie d’espérance, la tonalité de la majeur semble éclairer le discours.
recolitur memoria passionis ejus:
mens impletur gratia:
et futurae gloriae nobis pignus datur
D :mes.77 à la fin mes 129 alleluia chanté 52 mesures : véritable chant de louange sur la seule exclamation
Alleluia chanté à tous les pupitres, tour à tour en écho, en imitation, en choeur.
Là encore les nuances sont conjuguées aux phrasés, comprenant silences, respirations, notes piquées, appuyées, accentuées, liées, syncopées, de brefs mélismes sur
Alleluia confèrent toute l'expressivité de ce motet.
Plusieurs
procédés concourent à rendre cet effet de dynamisme , de mouvement et d’ allégresse :
Le tempo Allegro,120 à la noire, déjà rarement ralenti ,( mes. 39 à 76 du 100 à la noire ou à la fin mes. 127) le départ
en anacrouse qui lance le motet, le rythme noire- blanche, d’ailleurs continue ainsi que l’utilisation de la syncope, blanche liée à noire, silence,( ce qui fait plus penser à un deux temps ou un alla breve qu'à un réel quatre temps)
Les
contrastes nombreux entre les nuances : f , ff ; mf p , les crescendo…la progression des tonalités Do Majeur, Sol Majeur, , La Majeur , Ré Majeur, Mi Majeur, Fa Majeur (jolie modulation mes.112 à 3' 42) c'est le retour à la tonalité initiale avant une coda entendue en ré majeur.
Les réponses enjouées entre les pupitres voix aigus/ voix graves, l’émission de notes en pizzicato ou staccato, traduisent bien aussi cette félicité.
D'autres éléments unifient le discours comme le rappel de motifs mélodiques, et l'emploi de marches harmoniques par exemple aux mesures 59 et suivantes.
A 1 ‘23 le moment est plus grave et solennel : c'est le rappel de la
Passion du Christ.
à noter 3 petites réserves :
1 - les notes très aigües confiées au pupitre soprane, jolis aigus mais assez difficiles à atteindre et à maintenir…( ex. mes 38 )
2 - Les nombreux crescendo (et leurs contraires) à interpréter efficacement sans se précipiter dès le premier temps.
3 - à 2 ‘54 - mesure 80 à l’alto, un double intervalle mélodique de quarte juste, descendante, « la mi la mi » trop identifiable…

rompt peu le un peu le charme de l’écriture , ici, écrit en jeu d’échos ... pourquoi ne pas préférée une seconde ou une quinte vers ré ?.
Conclusion :
Belle pièce musicale ,
énergique et solaire, rappelant parfois le temps festif et heureux de Noël.
En se souvenant du motet O Sacrum Convivium d’Olivier Messiaen, magnifique œuvre musicale au demeurant, mais assez « tragique et distante », on en apprécie ici a clarté de la découpe rythmique et les variations du plan tonal qui font de ce motet un
hymne de louange.