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La perception de la musique, de Robert Francès
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TOPIC: La perception de la musique, de Robert Francès

La perception de la musique, de Robert Francès 12 years ago #696

  • nicolasmarty
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Chers amis,

Je viens de terminer cette fiche de lecture sur l'ouvrage mythique de Robert Francès.
A lire pour ceux qui n'auraient pas le courage ou le temps de lire le livre complet, qui est assez long.
Il y a des choses très intéressantes, qui sont à la base de l'étude de la psychologie de la musique aujourd'hui.
Bonne lecture ! (si vous avez des commentaires, des réactions ou des questions, n'hésitez pas)

File Attachment:

File Name: Marty_M2_Fiche_Laperceptiondelamusique.pdf
File Size: 33 KB

---Re: La perception de la musique, de Robert Francès 12 years ago #697

  • bricas
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Il me semble que l’intérêt essentiel de cette publication n’est pas tellement de démontrer que « l’écoute experte » l’emporte sur celle qui ne l’est pas, à quoi on pouvait s’attendre, mais réside dans l’idée que le conditionnement culturel l’emporte finalement sur toute autre considération. Cette position peut se défendre, bien entendu, mais il y a aussi un courant de pensée, incarné par des théoriciens de la musique tonale, parmi lesquels Furtwaengler, qui affirme avec force la genèse « naturelle » de la musique tonale par les harmoniques. De ce fait, il serait naturel que la perception de l’esprit humain, fruit de la complexité de l’évolution naturelle, s’accommode le mieux à la tonalité, puisqu’elle est issue de la nature.

Cette position que je résume ici beaucoup trop schématiquement est, me semble-t-il, assez forte. Je précise que ce n’est pas la mienne, qui est beaucoup plus ouverte. Force est de constater que la tonalité, sous ses formes strictes ou plus ou moins déviées, résiste au temps et s’est même développée de façon spectaculaire dans la perception des civilisations extra européennes. On peut même dire que dans le conscient ou l’inconscient collectif mondial la tonalité est dominante,lorsque l'on considère la musique "savante", et probalement aussi la musique "populaire". D’autres formes d’expressions musicales se sont développées dans les civilisations, et se perpétuent, mais il serait trop simple de vouloir expliquer la conquête de la sensibilité musicale tonale par le simple fait de l’expansion et la domination de la civilisation industrielle occidentale. La tonalité est une conquête de la civilisation occidentale qui domine à l’heure actuelle la façon de percevoir la musique dans le monde. Des cultures musicales traditionnelles fortes n’y ont globalement pas résisté en l’emportant.

---Re: La perception de la musique, de Robert Francès 12 years ago #702

  • Chris
  • ( Visitor )
bricas wrote:
Des cultures musicales traditionnelles fortes n’y ont globalement pas résisté en l’emportant.

Bonsoir,

Faute de frappe : "en l'important" ? Pendant une bonne minute, je me suis gratté le caillou en cherchant à comprendre le sens du dernier verbe de votre dernière phrase... Suis-je bête, tout de même !
Last Edit: 12 years ago by .

---Re: La perception de la musique, de Robert Francès 12 years ago #715

  • Chris
  • ( Visitor )
Un genre de question du même ordre, et qui revient souvent : l'harmonie est-elle une "forme", c'est à dire une propriété de l'entendement, ou bien une réalité sonore, c'est à dire une propriété de l'objet ?

Ce qui tend à compliquer le débat sur cette interrogation est que nous baignons dans un environnement "cultivé" dont il est difficile de démêler l'influence sur notre manière de comprendre ce que nous entendons, autrement dit, qu'il est tentant de penser que notre perception est le fruit d'une sorte d'éducation sensorielle par le milieu

On connaît tous cette fameuse photo d'un amérindien d'Amazonie qui entre en une sorte d'extase, les yeux fermés, à sa première audition d'une musique de Mozart, ce qui semble plaider pour une sorte de structure "innée" du transport émotionnel induit par certaines combinaisons harmoniques, lesquelles seraient de ce fait revêtues d'une sorte d'universalité quasiment métaphysique (au delà de l'apparence), ce qui ferait de Mozart non pas la cristallisation de la musique occidentale, mais le découvreur d'un art premier d'agencement des sons : la distinction est d'importance

Elle a aussi l'avantage, cette conception "universaliste" de nier la notion de progrès en Art, de ramener le style à une péripétie accidentelle, et d'ouvrir une "Voie royale" (au sens où l'entendait l'auteur des "Voix du silence") à une "sensibilité collective" appuyée sur un imaginaire transcendental

Elle a aussi l'avantage conceptuel de ne pas réduire la musique à une mathématique élaborée de la production sonore, plus ou moins bien retranscrite par telle ou telle culture au hasard de l'Histoire

Il est certain que les propriétés interférentielles des harmoniques d'un son fondamental ont largement modelé la forme du limaçon de notre oreille interne, et que son fonctionnement s'est "naturellement" orienté vers la discrimination spatiale des dites harmoniques, en tant qu'avantage évolutif substantiel dans la lutte pour la survie de l'espèce, sans quoi, le tympan, cette simple membrane de tambour aurait bien pu faire l'affaire, selon le principe d'économie bien connu systématiquement appliqué par l'Evolution. Mais pour échapper au prédateur, encore fallut-il pouvoir repérer son approche spatiale, en mesurer la distance, il a donc fallu traiter des interférences pour analyser le relief, et c'est là que les propriétés ondulatoires du son ont fini par conduire la matière vivante à sélectionner la formation en limaçon, structure alors déjà connue de l'Evolution, pour en faire un détecteur différentiel de vibrations, par le jeu de la sélection naturelle sur d'immenses périodes

Cela ne revient pas pour autant à admettre que la propriété des sons musicaux réside dans la gestion de ces harmoniques, ni que certaines combinaisons soit génératrices d'émotions diverses, et d'autres non, ni que ces effets soient d'ordre déterministe

Pour moi, on ne peut pas rationnellement soutenir, par exemple, que la gamme pythagoricienne soit la structure par excellence à laquelle serait dédiée notre oreille par "construction", ni que les échelles de sons correspondantes produisent en toute époque et en tous lieux un effet identique, renouvelable à volonté, et quantifiable

Inversement, on ne peut pas non plus en faire une preuve administrable de l'existence d'une harmonie suprême en tant qu'ordre du monde dont la musique serait la variété à l'usage de l'humanité dans son ensemble au même titre que les mathématiques...
Last Edit: 12 years ago by .

---Re: La perception de la musique, de Robert Francès 12 years ago #717

  • nicolasmarty
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C'est bien ici l'objet de Francès de montrer que toute la perception de la musique est guidée par la formation culturelle de l'oreille (c'est d'ailleurs à ça que sert la comparaison entre experts et non-experts). Si les sons harmoniques divergent des sons inharmoniques et des sons bruiteux, cela physiquement, si les associations de sons peuvent produire des timbres plus ou moins "rugueux" (c'est le terme utilisé depuis quelques dizaines d'années pour remplacer la notion de "dissonance" qui n'a aucune raison d'être), en revanche, l'écoute et ses effets sont bien culturels, et il est très probable que l'amérindien qui écoutait Mozart n'était pas en extase ou n'en était pas à sa première écoute.

Il est triste de voir qu'il y a deux ans à peine, une discussion a commencé sur le forum de discussion MusiSorbonne, opposant la vision de la tonalité tempérée comme système le plus naturel et universel possible, à la réaction outrée de tous ceux qui ont travaillé pour montrer que la tonalité et le tempérament égal ne sont pas plus naturels que d'autres organisations. Il y a quelques années, une musicologue renommée disait que la gamme diatonique était naturelle, parce qu'on ne pouvait pas chanter "do ré mi fa sol la si" sans chanter le "do" qui suit ! Où va-t-on quand les gens supposés les plus objectifs disent des choses pareilles ?!

Il y a eu beaucoup de foin autour de Mozart ("Mozart rend les bébés intelligents !", "Les rats préfèrent Mozart à du hard rock !", "Les gens ont des meilleurs résultats à des test d'intelligence s'ils écoutent Mozart en travaillant") dont les résultats sont toujours très biaisés et orientés vers la confirmation du stéréotype de la "grande" musique.

Francès, ici (à part pour ce qui concerne les musiques a-tonales), est toujours très objectif dans l'analyse de ses résultats et la réalisation de ses expériences.

Merci de vos commentaires.

PS. Si vous avez des remarques sur la fiche de lecture en elle-même, pour l'améliorer notamment, ou si des choses ne sont pas claires, n'hésitez pas à les écrire, je suis preneur (ce travail est noté, alors...) !
Last Edit: 12 years ago by nicolasmarty.

---Re: La perception de la musique, de Robert Francès 12 years ago #718

  • bricas
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Chris,

Effectivement, dans mon commentaire il faut lire "en important". J'avais négligé de relire ma prose...
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