En réponse à mon message N° 2001, vous qualifiez votre musique de « nouvelle» mais vous ne vous positionnez pas par rapport à la distinction
« musique savante – musique de variété » que j’avais mentionnée à dessein. Or, par le choix des sons électroniques, des batteries, des effets spéciaux, des rythmes, le sentiment général qui se dégage (pour ce qui me concerne) est que vous vous positionnez nettement dans le domaine de la variété. En soi, il n’y a là aucune connotation de valeur dans mon esprit, et je redirais que, dans son genre ‘(qui n’est pas si nouveau), votre travail me parait intéressant, attachant, et bien réalisé (sauf pour les voix). Pensez-vous nous soumettre les pièces pour instruments traditionnels auxquelles vous faites allusion ?

Merci Bricas et Nicolas pour vos commentaires.

Concernant la distinction "musique savante- musique populaire", je pense pour ma part que les formes savantes sont construites à partir de l'harmonie, tandis que la musique populaire est construite à partir de la mélodie. (la cadence est le fondement de la forme sonate par exemple, ou le mode le fondement du raga, tandis que l'alternance de la mélodie du couplet et du refrain est commune aux musiques populaires).

Sur d'autres pages du site, il y a des formes "savantes" de ce point de vue (j'aime toujours le "Quatuor avec System" ici :
www.hervenoury.com/QuatSyst.html
ou bien "Les Oiseaux" là :
www.hervenoury.com/VoicesNature.html)

Par contre d'autres pièces sont construites à partir de la mélodie, et il y a beaucoup de pièces de musique "populaire" dans mes compos. (toutes les musiques du film de mon épouse par exemple, mais pas seulement).

Concernant l'instrumentarium, sans doute certaines pièces mériteraient de "vrais" interprètes, vocaux comme instrumentaux. Mon vocodeur et mes logiciels me permettent de faire entendre ce que je souhaite, ce qui est déjà pas mal. J'ai travaillé ce vocodeur pour en rendre le résultat aussi naturel que possible, mais je dois me rendre à l'évidence : le subterfuge est vite trouvé! (J'ai programmé mon propre vocodeur dans ce but...) J'espère au moins que ce n'est pas trop désagréable à entendre. Il a été pensé pour rendre compte d'une grande diversité de voix, classiques ou pop, chorales ou solistes, dont j'ai besoin par rapport à ce que j'entends. Les banques de son vocales ne me satisfont pas vraiment de ce point de vue.

Le problème de cette musique est que, si on met l'orchestre + l'électronique + les chœurs + les solistes, cela revient cher le concert! Au moins je peux faire entendre ce que je souhaite partager. Ceci dit, le synthétiseur est certainement l'instrument de mon imaginaire, plus que le piano que je pratique aussi. Aussi je ne souffre pas de devoir créer mes pièces par des moyens électroniques : peut-être est-ce l'instrument véritable de cette musique? Je n’entends rien de nouveau sans synthétiseurs dans mon esprit, je l'avoue bien humblement!

C'est marrant, Nicolas, d'associer ces sons aux jeux vidéos : je n'y joue pratiquement pas. Par contre j'ai beaucoup écouté toutes les musiques électroniques, tonales comme expérimentales d'ailleurs (je préfère dire "expérimental" que "atonal" dans ce cas, tant l'absence de toute références à une quelconque partition est évidente dans ces musiques. Cela n'a rien d'injurieux, bien au contraire, dans mon esprit). "The Old man" n'est-il pas une composition "savante - électronique"? Dans cette pièce (pardon!), l'orchestre est un oscillateur à gros son... (le niveau d'orchestration serait indigne d'un "vrai" orchestre... Il y a en tout et pour tout trois ou quatre véritable pièces pour orchestre sur tout le site...)

Bonjour Hervé,

On sent des influences diverses dans votre musique : électronique, variété, électro-acoustique, jazz fusion (a dream of harmony)...

Le mélange des genres est une piste très intéressante pour produire une musique originale, et la votre est très agréable à écouter, avec toutefois un bémol pour les voix toutes travaillées au vocoder, point déjà soulevé. Pour être franc, j'ai eu l'impression, du fait de ce coté systématique, que c'était pour masquer des voix réelles imparfaites.

Bien que j'y ai déjà travaillé pendant plus d'un an, je vais encore reprendre ce logiciel pour pouvoir créer des voix réellement agréables à l'écoute.

Avec l'oreille fine et entraînée qui est la votre à tous, et pour me guider dans mon travail, vous est-il possible de me dire ce qui "révèle l'artifice"? Le vibrato est-il par exemple trop égal tout le temps? Le timbre par trop dénaturé? Qu'est-ce qui révèle la machine selon vous?

Une chose en particulier m'a étonné durant ce travail. Le logiciel analyse en continu les formants de la voix entrante pour moduler ensuite la synthèse additive. Mais pour recréer les voix de femmes, il m'a fallu transposer grandement dans l'aigu les fréquences des filtres de l'analyseur. Je n'ai trouvé aucune raison acoustique à ce problème!! Logiquement, transposer seulement les fréquences des oscillateurs aurait dû suffire.

Par ailleurs, Pierre Schaeffer écrivait que le son provenant d'un être vivant est moins répétitif que le son mécanique (train, photocopieur, etc.), mais plus itératif qu'un bruit naturel (océan, vent, etc.) Je réfléchis "par là" en ce moment. Le logiciel analyse déjà l'expression de la voix (le fait qu'elle soit plus aigüe ou grave suivant l'émotion par exemple) pour moduler le timbre généré, mais cela semble très insuffisant.

(Pour ceux qui ne me connaitraient pas, je suis assez passionné par l'instrument électronique pour programmer moi-même mes synthétiseurs...)

Bonjour,

Bien que vous semblez informé sur la question, il est extrêmement peu probable que vous puissiez faire illusion en créant un synthétiseur vous-même. C'était le rêve de Trevor Wishart et il en a abandonné l'idée quand il a compris que la voix était trop complexe pour pouvoir la recréer vraiment. Les grandes boîtes qui ont des tas de programmeurs ont déjà bien assez de mal à le faire (le plus proche qui en soit sorti, je crois, est l'outil Vocaloid, utilisé pour les concerts d'hologrammes au Japon - Hakune Misa, je crois ?).

Ce qui révèle l'artifice, c'est l'ensemble du traitement, qui dénature en effet beaucoup trop la voix. (Quand à ce que vous rapportez de Schaeffer, je suis presque certain qu'il ne s'agissait de sa part que d'une intuition quant au caractère du son à une échelle de quelques secondes, sans fondement acoustique microstructurel).

Merci Nicolas pour votre réponse et les références que vous apportez que je ne connaissais pas. Hakune Misa en particulier est une tentative intéressante. Tout est synthé MIDI dans cette musique, comme dans la mienne d'ailleurs... Comme dit mon épouse, cela donne une idée de l’œuvre. De vrais interprètes lui donneraient plus de vie, c'est certain... Nous en sommes tous un peu là sur ce forum, non??