J'ai personnellement bien apprécié le rendu global de cette pièce qui se présente comme une vision anxiogène (mais pas trop quand-même) d'un mariage apparemment "surprenant". Les couches sonores sont effectivement posés simplement et il semble que Jean-Louis Péru n'ait pas voulu rechercher des effets de mise en espace trop mouvants, établissant une sorte de narration linéaire mais pas plate du tout car l'on distingue d'emblée les différentes strates de sons qui donnent son épaisseur à l'ensemble.
Les facilités relevées dans l'usage d'échantillons de bruitages préfabriqués peuvent se comprendre comme l'expression d'une forme de banalité des situations vécues, ou des gens rencontrés, lors de ce mariage : à l'expérience sociale de comportements convenus ou perçus comme superficiels, répondent des échantillons sonores "banalement" traités, dans toute l'artificialité de leur qualité d'"échantillons" mis à disposition de tout utilisateur potentiel.
Mais cette superficialité / artificialité de traitement me semble apparente, sinon voulue, à l'instar de certains artistes plasticiens qui veulent nous faire saisir l'expérience esthétique - et donc critique - de la banalité, à travers des oeuvres formées d'objets ou de matières préfabiquées et livrées telles quelles à notre regard / perception / jugement, sans transformation, sans "dissimulation" de leur état matériel. C'est le propre de toute démarche conceptuelle, comme ici.
Sans titre, oeuvre de Carl André
Amitiés,
Y.R.