Ce qui fait souvent basculer un duo vers une superposition de voix solistes sans liens véritables est l’incohérence ou le déséquilibre notoire entre ces instruments, ou bien parfois l’absence totale de construction de la pièce musicale . Or ce n’est pas du tout le cas dans cette vigoureuse pièce étonnamment moderne « opale et rubis » destinée à la clarinette et au piano.
C’est un duo chantant et dansant sans concession, ni fadeur ! . Duo ou duel ? peut être même battle pour reprendre un terme à la mode dans le monde musical...
La rondeur et la suavité de la clarinette qui tient finalement la voix féminine et vocale de la pièce s’allie et s’oppose à la fois, merveilleusement bien au piano musclé, indépendant, rythmé , imprévisible, quasi percussif.
Les motifs mélodiques parfois répétés quatre fois de suite, amorcent un effet d’ostinato ou de tuilage, vite détournés vers d’autres jeux sonores, histoire de divertir et de surprendre encore…
"Opale et rubis", ( pierres précieuses, mais pierres tranchantes ) s’apparente à un « ragtime »(moderne, assez proche d'un Stravinsky)) tant par l’énergie du piano nerveux et stylé, hachant ses syllabes en valeurs de plus en plus brèves (triples croches, quarts de soupirs , syncopes) que par la suavité et la vocalité de la clarinette s'approchant parfois à s'y méprendre du chant plaintif d'un cor.
Bravo !
Emilie
(la clarinette est en si b ?
les deux parties sont écrites dans la même tonalité ? )