Bonjours à Nicolas, François, Yves, Bricas et les autres, présents ou à venir...
Sur cette question récurrente du "réalisme des sons numérisés, je pense (selon mon expérience) qu'il faut résoudre (avec plus ou moins de bonheur, j'en conviens) trois niveaux de questionnement bien distincts :
1 - Base de sons : beaucoup confondent encore les sons synthétisés et les sons reproduits, c'est à dire, le son "virtuel" avec la reproduction d'un son "réel" élaboré artisanalement ou en studio
Ainsi, le midi pur et dur, qui n'a d'existence en tant que tel que par le décodage d'une carte son d'ordinateur, s'il est utile pour échanger commodément des fichiers de travail, n'est plus d'actualité vis à vis des immenses possibilités des machines modernes, tant en capacité de stockage qu'en mémoire vive de traitement : on n'est plus au temps des claviers bas de gamme des années 60...
Par contre, justice étant faite de ladite confusion, au demeurant assez répandue, même chez certains "spécialistes", il se pose la question du choix d'un jeu de sons pré enregistré en numérique : je vais dans les points suivants essayer d'expliquer que ce choix dont on fait régulièrement le procès n'est pas aussi déterminant qu'il pourrait sembler à première vue.
GPO (Garritan Personal Orchestra), par exemple, qui est cité ici, est un "vrai" orchestre avec des interprètes humains, plutôt finalisé pour le classique européen, mais sa qualité sur le plan de la réalisation numérique semble suffisante, le seul problème étant son prix, et que certains logiciels de MAO ne le supportent pas nativement sans un tas de manipulations annexes fastidieuses et improductives
2 - L'écriture : ce thème apparaît nettement dans les propos de Bricas, à juste titre, me semble-t-il. Ainsi, doubler un hautbois en parallélisme avec un basson, est-il une manière de mettre en relief la sonorité pointue de l'un face aux harmoniques profondes de l'autre ? Pour résoudre ce genre de fautes basiques, rien ne vaut la fréquentation-imitation d'enregistrements des oeuvres connues écrites par des Maîtres : la recherche d'une ressemblance maximum est alors le meilleur apprentissage possible, tout comme l'élève des Beaux-Arts va se rendre au Louvre pour copier des tableaux célèbres - c'est en forgeant etc. (vous connaissez la suite)
Pour ce boulot préalable, mais indispensable, comme le sont les gammes pour le pianiste, on dispose heureusement de certains traités d'orchestration (Berlioz, Rimski ou plus récemment,Koechlin), qui peuvent fournir des raccourcis utiles pour contourner les fautes les plus courantes dans la distribution des timbrages en fonction du discours : là encore, l'analyse de Bricas dit tout, et le dit très bien, et surtout de manière factuelle, sur l'exemple concret pris en référence...
Je suis persuadé, pour m'être colleté à des pièces beethovéniennes (entre autres), que l'expressivité est autant dans la qualité de transparence de l'écriture, que dans tel ou tel choix d'échantillonnage numérique - Trivialement dit, ce qui est bien écrit sonne bien, même avec une base de sons "toute pourrie", laquelle (eu égard à la très grande adaptabilité du capteur constitué par l'oreille humaine) s'efface rapidement par accoutumance, pour ne laisser subsister que la perception globale du discours musical. Bien sûr, c'est mieux d'avoir le "Berliner" dans des enceintes de luxe, mais de la m... reste de la m..., quelle que soit le matériel de reproduction utilisé.
3 - Retraitement ou "post-réalisation" d'une musique numérique : ici l'énoncé est simple, autant que la réalisation est complexe : il s'agit d'optimiser des paramètres qui vont confirmer ou infirmer une certaine ressemblance du son numérique avec son modèle acoustique : encore une fois dit, seule la démarche comparative, mesure par mesure, et note par note, nuance par nuance, tempo par tempo, etc. sur les éléments de base : intensité, appui ou durée, retard, réverbération, renfort différencié de certaines harmoniques, etc. va permettre d'approcher (pas d'égaler, encore moins de surpasser, ne rêvons pas...) l'expressivité d'un orchestre réel (une formation modeste conviendra très bien pour "dégrossir" la question, pas besoin de tenter de simuler un philharmonique de 120 musiciens avec un PC)
Dans le nécessaire et inévitable arbitrage entre les trois sources de l'activité MAO que je viens de rappeler sommairement, il me paraît assez clair que les qualités minimales des sons enregistrés sont présentes désormais chez à peu près tous les fournisseurs, avec de grosses disparités surtout... au niveau du prix, et des ressources techniques requises en hardware.
J'ai tendance à me méfier des communications habituelles sur le sujet, qui se ramènent le plus souvent à ce vieux schéma : ce que je sais faire, c'est le "meilleur" par définition, le reste étant plutôt perçu comme "inférieur", la subjectivité prenant ici le pas sur la réflexion.
Il est plus pragmatique, me semble-t-il, de s'interroger concrètement sur ce que j'arrive à faire pour contourner les faiblesses, et pour exploiter les forces de ce que je crois connaître du matériel que j'utilise.
Et modestement, je sais que je fais peut-être partie des faiblesses du système... vu ?
Amicalement à tous,
Christian