THEÂTRE : LA TRILOGIE DE LA VILLEGIATURE À LA
COMEDIE FRANCAISE
La Trilogie de la Villégiature de Carlo Goldoni
à la Comédie Française.
jusqu'au 12 mars 2012
Des travaux de mise en conformité aux normes anti-incendie de la Salle Richelieu ont contraint la troupe de la Comédie Française à s'installer dans une salle provisoire installée dans les jardins du Palais Royal et dénommée fort poétiquement "Théâtre éphémère", renouant avec la tradition des tréteaux provisoires de "L'illustre Théâtre" de Molière.
L'illustre compagnie en profite pour faire entrer officiellement dans son répertoire un grand classique de la littérature théâtrale italienne du XVIIIème siècle : la célèbre Trilogie de la Villégiature, écrite en 1761 par Carlo Goldoni (1707-1793) pour le théâtre San Luca de Venise.
Composée de trois volets (La manie de la villégiature ; Les aventures de la Villégiature ; Le retour de la villégiature), cette saga raconte le séjour estival d'un petit groupe de bourgeois de Livourne et s'étend sur tout l'été. Passant leur temps en commérages et intrigues amoureuses, les personnages rentrent chez eux à l'approche des premiers frimas de l'automne.
La Trilogie comprend une étude de moeurs savoureuse où Goldoni prend au piège la nouvelle bourgeoisie marchande italienne dans son obsession des apparences, tentant désespérément de singer le modèle aristocratique, quitte à s'endetter jusqu'à la ruine.
Alors âgé de 54 ans, Goldoni est au faîte de son art et a su imposé à Venise un théâtre réaliste et de "caractères", respectueux du texte et soucieux d'une étude psychologique sérieuse, loin des cabotinages et improvisations habituels chez les acteurs à cette époque. Les traductions en français et en allemand lui assurent une gloire internationale et notamment l'admiration d'un autre grand auteur dramatique contemporain : Voltaire.
Mais jalousé à Venise même par ses rivaux et les tenants de la tradition des pitreries de la Commedia dell'Arte, la Trilogie n'obtient qu'un piètre succès d'estime, d'autant qu'on lui reproche d'écrire en vénitien et en prose et de mettre en scène des sujets et personnages jugés triviaux. Il quitte la Sérénissime en 1762 pour la France et n'y reviendra plus jamais.
La mise en scène d'Alain Françon, magnifiée par les splendides décors d'Ezio Frigerio, s'inscrit dans la lignée de celle de Giorgio Strehler (1978), une référence en la matière. Loin de lorgner sur sa prestigieuse devancière, elle renouvelle l'approche scénique en valorisant la finesse du jeu de Georgia Scalliet, Anne Kessler, Danièle Lebrun, Michel Vuillermoz et de tous les acteurs invités à nous faire partager les émois des personnages de Goldoni. Leur talent maintient le public en haleine pendant les quatre heures et demie du spectacle, rythmées par deux entractes. Un plaisir des yeux et de l'esprit qu'il ne faut en aucun cas bouder.
texte français de Myriam Tanant
mise en scène d’Alain Françon
Distribution :
Anne Kessler, Vittoria
Éric Ruf, Paolo
Bruno Raffaelli, Fulgenzio
Florence Viala, Costanza
Jérôme Pouly, Cecco
Laurent Stocker, Leonardo
Guillaume Gallienne, Guglielmo
Michel Vuillermoz, Ferdinando
Elsa Lepoivre, Brigida
Hervé Pierre, Filippo
Adrien Gamba-Gontard, Tognino
Georgia Scalliet, Giacinta
Adeline d’Hermy, Rosina
Danièle Lebrun, Sabina
et les élèves-comédiens de la Comédie-Française
Version scénique d’Alain Françon et d’Adèle Chaniolleau
Scénographie de Jacques Gabel
Costumes de Renato Bianchi
Lumières de Joël Hourbeigt
Son de Daniel Deshays
Musique originale de Marie-Jeanne Séréro
Maquillages de Carole Anquetil