LE RÊVE LOINTAIN D'UN VOL COMMERCIAL
HYPERSONIQUE :
LE PROJET ZEHST
Le projet a été baptisé ZEHST dans le cadre d'un partenariat associant EADS, l'ONERA, le laboratoire de recherche aérospatial français ainsi que le Japon. Une étude de faisabilité, financée par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et son homologue nippone, a été lancée. Elle s'appuie sur les premiers résultats des recherches menées par Astrium, la filiale spatiale du géant européen de l'aéronautique, dans le cadre de son programme d'appareil sub-orbital, le Space plane.
Une triple motorisation complexe
L'appareil sera doté de trois types de moteurs déjà disponibles sur le marché qu'il utilisera pendant les différentes phases du vol :
- Du décollage jusqu'à 5000 mètres d'altitude l'avion utilisera deux turboréacteurs assez proches de ceux qui équipent les avions d'aujourd'hui mais «ces moteurs seront alimentés par des biocarburants de 3e génération développés à partir de la culture d'algues donc non polluants», précise Jean Botti, directeur de la technologie d'EADS.
- Lors de la montée en altitude, au-delà de 20.000 mètres à 0,8 mach, l'appareil utilisera des moteurs cryogéniques comme ceux du lanceur Ariane, utilisant un mélange d'ergols liquides (hydrogène et oxygène).
- Puis pour le passage à sa très grande vitesse de croisière (mach 4) et à une très haute altitude (32.000 mètres) ZEHST utilisera deux statoréacteurs de type Ramjets (qui équipent aujourd'hui aux missiles de croisière).
Un nouveau profil de vol
Le profil de vol est très différent des vols actuels, même si le décollage se déroule sur une piste classique. Lors de l'allumage des moteurs-fusée, l'accélération produite atteindra 1,2g, soit à peu près les mêmes sensations éprouvées sur un manège à sensation du type de Space Mountain. De plus, en fin de croisière hypersonique, au moment où les statoréacteurs sont coupés, l'avion redescend en vol plané entre 23 km et 10 km d'altitude, jusqu'à l'allumage des turboréacteurs destinés à assurer la fin du vol jusqu'à l'atterrissage.
Selon EADS, un prototype pourrait être opérationnel dès 2020. Quant aux vols commerciaux, il faudra patienter jusqu'en 2050. D'ici là, il n'est pas interdit d'y rêver.
Parallèlement, EADS travaille sur un autre concept baptisé VoltAir, un appareil tout électrique dont le moteur ne serait plus placé sous les ailes mais dans la queue. Les ailes obéiraient au principe du morphing en s'auto-adaptant aux différentes phases du vol, explique en substance Jean Botti. L'appareil serait destiné à réaliser des trajets courts avec 50 à 70 passagers pour un coût avoisinant les 8000 euros par place, soit l'équivalent du prix d'un billet de Concorde lors de sa commercialisation .
sources : Sciences et Avenir / Le Figaro
La maquette du projet européen ZEHST présentée au Salon du Bourget de 2011